Chemin de croix à la rue de Lausanne
A Fribourg, cette rue historique voit nombre de ses commerces fermer. Le point avec les commerçants et la Ville.
Bien que piétonne et historique, la rue de Lausanne à Fribourg est une rue où il est difficile de tenir boutique. Entre loyers relativement chers et manque d'acheteurs, dur de garder le cap pour les petits commerçants.
Cette fleuriste, par exemple, a ouvert sa boutique au bas de la rue il y a quatre ans. Tout n'est pas facile au quotidien pour elle: "pour un espace comme ça, c'est cher", grince Alice Sequeira. "Et ça n'aide pas, parce que ce n'est pas quelque chose de très cher, les fleurs. Pour faire cette somme, il faut vraiment beaucoup vendre."
Retour à la réalité
Il y a moins d'une année ouvrait le magasin de bonbons Sweet vibes de Mathieu Latapie, au milieu de la rue de Lausanne. "On a eu un gros effet d'ouverture, les gens étaient un peu fous avec cette boutique de bonbons."
Aujourd'hui, le commerçant n'est pas à plaindre, mais il préfère ne pas faire de conclusion trop hâtive. "Avec l'expérience assez courte que l'on a dans la rue, je pense que cela ne nous permet pas de planifier sur plusieurs années", tempère-t-il.
Ouvert sept jours sur sept dans l'euphorie des premiers mois, le magasin a revu son ambition à la baisse. "On a des horaires d'hiver, on va fermer le lundi et un peu plus tôt le soir", explique Mathieu Latapie.
Une situation privilégiée
Ainsi, chacun tente de s'adapter à sa manière pour trouver un fonctionnement stable qui puisse convenir aux clients autant qu'au gérant. Mais ça n'est pas évident pour tout le monde: La Baraque à Fripes, magasin de vêtements seconde main, à récemment dû mettre la clef sous la porte.
Ça ne veut pas dire que ce n'est pas difficile pour les commerçants, je pense que ça l'est sur l'ensemble du territoire.
À ce jour, sur près de 100 commerces de la rue de Lausanne, environ cinq sont libres. Pourtant, d'après Alexandra Stadler, déléguée au développement économique de la Ville de Fribourg, la rue bénéficie de très bons atouts en termes de commercialité. "La rue de Lausanne a une structure commerciale qui est saine", soutient-elle. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas difficile pour les commerçants, je pense que ça l'est sur l'ensemble du territoire."
Alexandra Stadler affirme surtout constater une différence marquante quant à la typologie commerciale, incomparable avec celle du reste de la ville. "On retrouve ici beaucoup plus de commerces indépendants. On est un peu plus éloigné de la gare et les loyers permettent justement à ces indépendants de venir s'intégrer dans cet espace commercial."
Un bilan qui ne serait donc pas tout noir pour la rue historique. Les commerçants doivent prêter attention aux changements dans les habitudes de consommation, à la concurrence du marché en ligne et à celle des centres commerciaux.