"Il est temps de tourner la page" dit Harris
A une semaine de la présidentielle américaine, Kamala Harris a accusé son rival Donald Trump de vouloir "un pouvoir sans limite". Elle s'exprimait à l'endroit même où l'ex-président avait harangué ses partisans le 6 janvier 2021, avant qu'ils n'attaquent le Capitole.
Donald Trump est "instable, obsédé par la vengeance, rongé par le ressentiment et en quête d'un pouvoir sans limites", a lancé la vice-présidente américaine à Washington dans un discours très solennel, juchée sur une scène flanquée de deux très grands panneaux portant le mot "liberté" et ornée d'une rangée de drapeaux américains. Les colonnes de la façade sud de la Maison-Blanche étaient visibles derrière elle.
"Il est temps de tourner la page", a-t-elle encore dit. Plus de 75'000 personnes se sont rassemblées sur l'esplanade, a affirmé son équipe de campagne, le tout encadré par un dispositif de sécurité renforcé. Cette campagne électorale, pleine de rebondissements, se déroule dans une atmosphère tendue, alors que Donald Trump a été visé par deux tentatives d'assassinat.
"Réquisitoire final"
Pour les partisans de la candidate des démocrates, cette réunion fervente est "une manière de purger ce qui s'est passé le 6 janvier" 2021, confie Mitzi Maxwell, 69 ans, venue de Floride avec sa mère.
Pour ce qu'elle a appelé son "réquisitoire final", Kamala Harris, ancienne procureure, a choisi de s'exprimer à l'endroit où le candidat républicain, refusant de reconnaître sa défaite face à l'actuel président américain Joe Biden, avait appelé ses partisans à se "battre comme des diables", ce jour de janvier.
Plusieurs milliers d'entre eux ont ensuite pris d'assaut le Capitole, pour tenter d'empêcher le congrès de certifier l'élection de Joe Biden.
La vice-présidente compte sur cette adresse solennelle pour se relancer. Les deux candidats, que tout oppose, font jeu égal dans les sondages, en particulier dans les sept Etats décisifs que la candidate démocrate de 60 ans et son rival sillonnent sans relâche.
C'est dans l'un d'eux que se rend aussi mardi l'ancien président: la Pennsylvanie. Le candidat républicain est attendu à un rassemblement à Allentown, où il pourrait recevoir un accueil mouvementé.
Cette ville accueille une importante communauté portoricaine, dont de nombreux membres se disent indignés depuis qu'un humoriste a comparé Porto Rico à une "île flottante d'ordures" ce week-end, lors d'une réunion électorale de Donald Trump à New York.
"Tricher"
Sa rivale compte sur le tollé autour de Porto Rico pour grappiller quelques voix précieuses, dans un scrutin au suffrage indirect qui pourrait se jouer d'un cheveu dans l'un des "swing states": Pennsylvanie, Michigan, Wisconsin, Géorgie, Caroline du Nord, Arizona et Nevada.
Les résidents de Porto Rico, un territoire américain, ne votent pas à la présidentielle. Mais la diaspora vivant aux États-Unis compte près de six millions de personnes pouvant se rendre aux urnes.
A 78 ans, Donald Trump brigue pour la troisième fois la Maison-Blanche.
En Pennsylvanie, le milliardaire a repris mardi ses violentes critiques sur l'immigration, répétant que les Etats-Unis étaient devenus une "poubelle" à cause d'un afflux de migrants. "Personne ne peut vouloir de cela. Comment gagner une élection avec cela? Vous ne pouvez gagner qu'en trichant, avec cette situation".
Les craintes d'une répétition du chaos d'il y a quatre ans pèsent lourdement sur l'élection, avec un candidat républicain qui ne cesse de marteler que la victoire lui est promise.
Jennifer Lopez
La vice-présidente peut compter sur le soutien de l'une des plus grandes voix de l'archipel des Caraïbes: la chanteuse Jennifer Lopez. "J. Lo", née à New York de parents portoricains, prendra la parole jeudi pendant un rassemblement dans le Nevada, à Las Vegas.
Le 5 novembre, les Américains ne choisiront pas seulement leur président, mais aussi des députés et des sénateurs.
La physionomie du congrès, aujourd'hui divisé entre une chambre des représentants républicaine et un Sénat démocrate, pourrait s'en trouver bouleversée et, avec elle, la marge de manoeuvre de celui qui s'installera à la Maison-Blanche.