"Je n'avais plus joué de vraie comédie depuis Les Inconnus"

Bernard Campan est de retour au cinéma dans “Et plus si affinités”, aux côtés d’Isabelle Carré, Julia Faure et Pablo Pauly. Interview.

“Et plus si affinités” est un huis clos autour du couple et du sexe. © Julien Panié

Radio Fribourg: “Et plus si affinités” est un huis clos autour du couple et du sexe. Xavier, votre personnage, et Sophie, votre femme, 25 ans de mariage, forment un couple sans libido et fatigué de ses 25 ans de vie commune. Et il y a l'autre couple, Adèle et Alban, deux ans de relation, plus jeunes, qui sont, au contraire, très actifs. Votre femme les invite à manger, mais cela ne vous emballe pas trop. D'autant plus qu'ils vous agacent avec tout le bruit qu’ils font pendant leurs ébats amoureux. Cette rencontre entre ces deux couples que tout oppose va bien évidemment découler sur une soirée assez animée?

Bernard Campan: Oui, c'est un film sur la sexualité, l'amour, l'usure et les difficultés dans le couple. Les deux jeunes, avec une sexualité libérée, agacent profondément mon personnage. Quand sa femme les invite à dîner, il n'a qu'une envie, c'est de leur rentrer dedans et de leur dire que c'est intenable pour eux d'être dérangé par leurs ébats amoureux. J'interprète quelqu'un d'aigri, un peu ronchon. Finalement, c'est le jeune couple qui va lancer le sujet en premier. Ça commence par là, puis ça va aller de plus en plus loin. Wilfried Méance et Olivier Ducrey ont réussi à faire une comédie qui dérape et qui va loin. On se demande jusqu'où ça va aller!

Tout va crescendo, il y a tellement de rebondissements!

Ce que j'aime dans ce film, c'est de me dire "mais c'est en train de déraper!" Et en tant que spectateur, on ne peut rien y faire. Mon personnage va passer un peu par tous les stades avant de péter un câble.

C’est une comédie, certes, mais si on va dans la profondeur du scénario, nous sommes face à un couple qui est usé par 25 ans de vie commune. Xavier est finalement plus attaché à son chien qu’à sa femme. Le sujet n’est pas forcément très marrant. Est-ce que vous êtes d'accord avec Wilfried Méance, qui a dit qu'une comédie ne fonctionne que si, à la base, c'est déjà un bon drame?

Oui, c'est ce qu'on se disait, nous aussi, avec Les Inconnus. Si on prend l'exemple des “Trois frères”, ce sont trois orphelins de père et de mère, qui sont dans la galère. Parfois dans les comédies, je trouve que certains auteurs se trompent en prenant des situations déjà décalées au départ.

On vous a très rarement vu dans des comédies depuis les années 2000. Est-ce que c'était un challenge pour vous de revenir aujourd'hui dans une vraie comédie? Est-ce qu'il y avait de la peur aussi?

À part le retour des Trois frères en 2015, je n'avais plus tourné de comédie en dehors de ce que j'ai fait avec les Inconnus.

Je peux demander pourquoi?

Je me pose encore la question aujourd’hui. Je n'aimais pas suffisamment ce qu'on me proposait. Et puis j'avais peur du ridicule. Et là, quand j'ai lu le scénario, j'ai ri comme jamais je n'avais ri en lisant une comédie. Je me suis dit qu'il fallait que j'y aille, c'est un défi à relever. S'il faut jouer à poil, je jouerai à poil. S'il faut péter un câble, je pèterai un câble.

Bernard Campan, je vous invite à me rejoindre dans un instant crush. Pour commencer, j’aimerais vous demander votre crush parmi tous les sketchs ou les parodies que vous avez faits avec Les Inconnus?

Je dirais “Les chasseurs”. J’aime beaucoup ce sketch. Je pense, entre autres, parce qu'il a une philosophie, la différence entre le bon et le mauvais chasseur, qui s'applique à tous les domaines professionnels.

Cette question revient tout le temps, mais je suis obligée de vous la poser. Cela fait pas mal de temps qu'on entend parler de cet éventuel retour des Inconnus. Didier Bourdon et Pascal Légitimus sont plus motivés que vous. Est-ce qu'on aura la chance de revoir les Inconnus se reformer un jour? Je sais que Riad Sattouf travaille sur un scénario pour vous trois.

Vous résumez bien la situation. Par rapport au film de Riad, il y a toujours une envie très forte. Il nous a envoyé l'avancée du projet, mais ce n'est pas encore fini. S'il arrive à le terminer dans le courant de l'année, on pourra sans doute tourner l'hiver prochain. On croise les doigts, on espère que ça va se faire. Après, pour ce qui est de revenir sur scène ou de refaire des sketchs avec Les Inconnus, ça, je ne me prononce pas, je n'y crois pas. Je sais que Didier et Pascal sont plus demandeurs que moi.

Écouter l'interview complète de Bernard Campan:

RadioFr. - Virginie Pellet / Adaptation web: Mattia Pillonel
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