Un ostéopathe jugé pour viols et contraintes sexuelles
Trois femmes accusent un ostéopathe d'avoir exploité leurs vulnérabilités, prétendant que le sexe pouvait les soigner.

Il prétendait que le sexe pouvait les soigner. Un ostéopathe fribourgeois est accusé de viols et de contraintes sexuelles par trois de ses patientes. L'homme a comparu ce mardi devant la justice à Châtel-Saint-Denis.
Si trois femmes portent ces accusations, seule une a décidé de porter plainte. Les trois cas diffèrent, mais le ministère public décrit un mode opératoire similaire pour chaque victime présumée: l'ostéopathe aurait exploité la fragilité de ces femmes pour instaurer une relation de dépendance. Il aurait profité de leurs vulnérabilités entre 2012 et 2019.
Retraite spirituelle
Durant sa jeunesse, la plaignante souffrait de troubles alimentaires et de dépression. Elle se tourne alors vers son ostéopathe, qui l'initie à la spiritualité bouddhiste. "C'était une personne de confiance", a-t-elle déclaré devant les juges.
En 2015, alors qu'il avait 42 ans et elle 21, il l'invita à une retraite spirituelle en France. C'est là, selon son récit, que la situation a basculé. Un soir, après le repas, ils s'allongent sur l'herbe. Puis, c'est le trou noir. À son réveil, la femme se retrouve sur l'accusé, sans sous-vêtements, en plein rapport sexuel. "Je ne comprends pas ce qui s'est passé", sanglote-t-elle.
Mais ça ne se termine pas là, la jeune femme parle d'au moins trente rapports imposés dans les années qui suivent. "Il me disait que c'était pour mon bien", a-t-elle ajouté. Leur relation a pris fin en 2017. Elle a attendu quatre ans pour porter plainte, après avoir rencontré une autre victime présumée.
Manque de preuves matérielles
L'accusé, qui s'est présenté au tribunal vêtu d'une chemise blanche et la barbe de trois jours, nie les faits. Mais à la barre, après un long silence, il assume: "oui, je crois encore que l'on peut soigner par les relations sexuelles". Des panneaux le séparent de la plaignante durant l'audience pour éviter toute confrontation.
La défense demande l'acquittement de l'ostéopathe, arguant un manque de preuves matérielles. Son avocat a renvoyé la responsabilité de la croyance aux bienfaits du sexe à un maître bouddhiste qui aurait inculqué cette conviction aux deux protagonistes, l'accusé et la victime.
Le ministère public a, lui, requis une peine de six ans de prison. Il demande également une interdiction à vie pour l'ostéopathe de travailler, de près ou de loin, avec des personnes vulnérables ou dans le domaine de la santé. Le tribunal rendra son verdict le 20 mai.