Moscou bombarde un centre commercial bondé

Un bombardement russe a fait lundi au moins 13 morts dans un centre commercial dans le centre de l'Ukraine, selon les autorités locales. L'attaque a provoqué de vives condamnations internationales, notamment de la Suisse. Les pays du G7 dénoncent un "crime de guerre".

Environ un millier de personnes se trouvaient à l'intérieur du centre commercial. © KEYSTONE/EPA/STATE EMERGENCY SERVICE OF UKRAINE HANDOUT

Une autre frappe russe a tué dans la journée huit civils à un point de distribution d'eau dans l'est du pays, selon Kiev, qui en a appelé au G7 pour mettre fin à la guerre.

C'est "l'un des actes terroristes les plus éhontés de l'histoire européenne", a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky à propos du bombardement d'un centre commercial de Krementchouk, une cité située à plus de 200 km du front. Il a frappé "une ville paisible, un centre commercial ordinaire, avec à l'intérieur des femmes, des enfants, des civils ordinaires", a-t-il souligné.

Le dernier bilan, donné par le gouverneur de la région de Poltava, Dmytro Lounine, fait état de treize morts et de plus de 40 blessés. "Il est trop tôt pour parler du nombre final de morts", a-t-il souligné sur Telegram.

Poutine devra "rendre des comptes"

"Les attaques indiscriminées contre des civils innocents constituent un crime de guerre", ont déclaré dans la soirée les dirigeants du G7 réunis en sommet dans le sud de l'Allemagne, dans une déclaration qui "condamne solennellement l'attaque abominable". Ils assurent que le président russe Vladimir Poutine devra "rendre des comptes".

La Suisse est "profondément choquée" par ce bombardement, a écrit le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dans une prise de position sur Twitter. Il déplore que la population civile ukrainienne soit une fois de plus la cible directe d'une attaque. "La Suisse condamne ces graves violations du droit humanitaire et appelle une fois de plus la Russie à mettre fin à son agression militaire contre l'Ukraine".

Le monde est "horrifié" par cette frappe, "la dernière en date d'une série d'atrocités", a pour sa part souligné le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken. Le président français Emmanuel Macron a, lui, dénoncé une "horreur absolue". Il a appelé le peuple russe à "voir la vérité" en face

Cela "ne fera que renforcer la détermination" des Occidentaux à soutenir l'Ukraine, a lâché le premier ministre britannique Boris Johnson.

Bombardiers TU-22

A New York, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a rappelé que les belligérants étaient tenus par le droit international de "protéger les civils et les infrastructures civiles", jugeant la nouvelle frappe "totalement déplorable".

Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU sur les derniers bombardements russes contre des cibles civiles en Ukraine aura lieu mardi soir (heure en Suisse), a-t-on appris lundi auprès de la présidence albanaise de la plus haute instance onusienne.

Selon l'armée de l'air ukrainienne, le centre commercial a été atteint par des missiles antinavires Kh-22 tirés de bombardiers à long rayon d'action TU-22, de la région russe de Koursk.

Quelques heures après l'annonce du bombardement de Krementchouk, les autorités ukrainiennes ont annoncé une autre frappe russe meurtrière contre des civils, à Lyssytchansk, une poche de résistance ukrainienne stratégique dans le bassin du Donbass (est).

Dans cette ville jumelle de celle de Severodonetsk, récemment prise par les Russes, au moins huit civils ukrainiens ont été tués et 21 autres blessés lundi pendant qu'"ils collectaient de l'eau à partir d'une citerne", a annoncé le gouverneur régional.

"L'ennemi terrorise" les civils

"Les Russes ont tiré sur une foule de gens avec des lance-roquettes multiples Ouragan", a dénoncé Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk. Lyssytchansk est la dernière grande ville qu'il reste à conquérir pour les Russes dans cette province, l'une des deux qui composent le Donbass avec celle de Donetsk.

La conquête du Donbass, déjà en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014, est l'objectif prioritaire des Russes depuis qu'ils ont évacué les environs de Kiev à la fin mars. "Lyssytchansk et les villages voisins vivent leurs jours les plus difficiles. Les Russes détruisent tout sur leur passage", a déploré Serguiï Gaïdaï.

De nouvelles frappes russes sur la grande ville de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine, ont par ailleurs fait lundi soir cinq morts et 22 blessés dont cinq enfants, ont affirmé les autorités locales. "L'ennemi terrorise délibérément la population civile", a accusé le gouverneur régional, Oleg Sinegoubov.

Pétrole russe visé

Réunis depuis dimanche en Allemagne, les pays du G7 (Allemagne, Etats-Unis, France, Canada, Italie, Japon, Royaume-Uni) ont promis de continuer de soutenir l'Ukraine "aussi longtemps qu'il le faudra".

Ils vont continuer en parallèle d'"accroître la pression sur [Vladimir] Poutine", a assuré le chancelier allemand Olaf Scholz, hôte de ce sommet, à travers notamment une nouvelle salve de sanctions ciblant l'économie russe.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, veulent resserrer l'étau sur Moscou en visant tout particulièrement l'industrie de défense russe, a dit un haut responsable de la Maison-Blanche. Ils entendent également développer un "mécanisme pour plafonner au niveau mondial le prix du pétrole russe", a poursuivi ce haut responsable.

ATS
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