Châtel-St-Denis: Greenpeace remet une pétition chez Allseas

Greenpeace Suisse a remis jeudi 14'510 signatures à Allseas, demandant de renoncer au projet d'extraction minière dans les eaux internationales.

L'an dernier, des activistes protestaient devant le siège de l'entreprise Allseas, à Châtel-St-Denis. © Greenpeace (archive)

Greenpeace Suisse a remis jeudi une lettre ouverte accompagnée de 14'510 signatures au directeur général d'Allseas, demandant à l'entreprise de renoncer à l'extraction minière en eaux profondes et de respecter le droit international.

L'entreprise basée à Châtel-Saint-Denis collabore avec la société canadienne The Metals Company, première entreprise à vouloir lancer des activités minières en eau très profonde, à plus de 1000 mètres de profondeur. Cette activité consiste à récupérer des pierres volcaniques contenant des métaux et des terres rares utilisés dans différents secteurs industriels.

Des risques écologiques majeurs

Pour Greenpeace, ce projet soulève de nombreuses préoccupations environnementales. "Le fait de vouloir faire de l'extraction minière en eau profonde pose d'énormes risques pour les écosystèmes des fonds marins, mais aussi pour les écosystèmes qui vivent plus proche de la surface des océans", explique Mathias Schlegel, porte-parole de Greenpeace Suisse.

L'organisation environnementale s'inquiète également du risque de libération du CO2 accumulé au fond des océans. Allseas, spécialisée dans les infrastructures lourdes en mer, a préparé un navire et différents robots pour récupérer ces ressources minérales.

Une question de droit international

Au-delà des enjeux environnementaux, Greenpeace dénonce une violation du droit international. "L'administration présidentielle américaine, sous Trump, a autorisé le fait d'extraire des matières premières minérales dans les eaux internationales en contournant délibérément l'autorité onusienne", souligne Mathias Schlegel.

Cette autorisation contourne l'Autorité internationale des fonds marins (170 pays membres), organisme onusien chargé de réguler ces activités. Pour Greenpeace, il s'agit d'une "attaque contre le multilatéralisme et contre le droit international".

Un appel à la réflexion

La pétition, lancée il y a trois semaines, a recueilli un nombre satisfaisant de signatures selon Greenpeace. "Les fonds marins et les grands fonds marins, ce sont les derniers écosystèmes qui sont plus ou moins épargnés par l'activité humaine à ce stade", rappelle le porte-parole de l'organisation.

Le Conseil fédéral a récemment été interpellé sur cette question au Conseil national. Il appelle au respect des règles internationales sur l'exploitation maritime et à ce que toute exploitation minière se fasse selon les règles de l'autorité onusienne pour les fonds marins.

 La Suisse fait partie en outre d’un groupe de 24 Etats qui ont publié une déclaration commune en juin lors de la Conférence des Nations Unies sur l’océan à Nice. Le texte stipule que “toute exploitation minière potentielle des grands fonds marins dans les zones au-delà des juridictions nationales, en dehors du cadre juridique international (...) serait contraire au droit international.”

Greenpeace demande à la Suisse de s'assurer que les entreprises présentes sur son territoire respectent le droit international et appelle à une réaction plus ferme si le projet devait se maintenir. L'organisation souhaite également que la Suisse continue de soutenir le moratoire international sur l'exploitation minière en eaux profondes.

Frapp - Alexia Nichele
...