Une application pour pister son enfant à la crèche
Depuis 2021, une plateforme connectée facilite l'échange d'informations entre le personnel et les parents dans les crèches du canton.

Certains parents ont le cœur lourd au moment de laisser leur bambin à la crèche. C'est le cas à chaque fois pour Aurélie Yerly, maman de la petite Eleanor, qui a inscrit sa fille chez KidsCare à Villars-sûr-Glâne. Pour rendre la séparation moins compliquée, plusieurs établissements fribourgeois spécialisés dans la petite enfance ont adopté une solution numérique: une application permettant aux parents de suivre le quotidien de leur enfant.
En 2020, les cantons de Zurich et Zoug proposaient déjà ce genre de plateformes connectées aux parents inquiets, selon la RTS. Dans le canton de Fribourg, ces carnets de bord 2.0 commencent à pointer le bout de leur nez. À l'image de "Pop e poppa" à Romont qui propose aux parents depuis cet été le système, appelé "Kidizz", tandis que KidsCare, de son côté, l'utilise déjà depuis trois ans. Sur la cinquantaine de bambins inscrits à Villars-sûr-Glâne, tous les parents ont donné leur accord pour qu'ils soient enregistrés sur la plateforme.
"L'application permet aux éducateurs ou éducatrices de partager des informations en temps réel (activités, état de santé, repas, siestes...) et aux parents de communiquer avec le personnel", explique Elsa Dos Santos, directrice de KidsCare.
Transmissions de données sensibles
Via la plateforme, les collaborateurs peuvent aussi envoyer des photos ou capsules vidéos aux parents. Ces contenus sont d'abord validés par la direction. "L'application est sécurisée. Mais, les captures d'écran sont possibles. Toutefois, les parents en s'inscrivant, adhèrent à des conditions qui leur interdisent de partager du contenu de l'application, si celui-ci ne concerne pas leur enfant", insiste la directrice.
Thomas Jammet, enseignant-chercheur à la HETS de Fribourg, met en garde quant à la circulation des contenus en dehors de l'application. "Par inadvertance, certains parents pourraient diffuser des photos de leurs progénitures sur lesquelles d'autres enfants sont présents ou faire circuler des images de leurs propres enfants sur internet", explique-t-il. Une fois en ligne, il est difficile de contrôler leur diffusion et leur usage.
Une relation chamboulée
Les prises de vue se font en général par les éducateurs ou éducatrices durant la journée. Ils doivent manipuler un smartphone à proximité des enfants. "Nous recommandons aux collaborateurs de prendre des photos discrètement, et en faisant tout pour que le téléphone soit le moins visible possible", souligne Elsa Dos Santos.
Le spécialiste du numérique Thomas Jammet questionne cette pratique qui selon lui pourrait altérer la relation entre les enfants et les employés de la crèche.