Bientôt la fin des roses suisses?

Un des derniers producteurs de roses en Romandie pourrait arrêter sa production. Entretien avec une fleuriste fribourgeoise.

Chez Rosae à Villars-sur-Glâne, Cathia Bulloni travaille avec des fleurs de Suisse, des Pays-Bas et d'Equateur. © RadioFr.

La Saint-Valentin pourrait devoir se fêter sans roses suisses. Un des principaux fournisseurs de fleurs coupées de Suisses romandes pensent stopper sa culture de roses.

Jean-Marc Crousaz est le patron de Crousaz Fleurs basé à Yvorne dans le Chablais. L'entreprise, fondée en 1942, cultive plus de 100 fleurs différentes sur plus de 200'00 mètres carrés.

Ce sont des produits biologiques qui sont employés dans d'autres pays en Europe, comme en France ou en Allemagne, mais interdits en Suisse.

"On va décider en février si on continue ou pas de cultiver les roses." Jean-Marc Crousaz pointe du doigt la Confédération et les restrictions trop importantes dans l'utilisation de produits. "Ce sont des produits biologiques qui sont employés dans d'autres pays en Europe, comme en France ou en Allemagne, mais interdits en Suisse." Ces produits, il en aurait besoin pour lutter contre les thrips, des insectes qui s'attaquent aux roses. 

Des roses introuvables

Avec l'inflation et les coûts de l'énergie qui augmentent, certains cultivateurs basés au Pays-Bas, le principal fournisseur mondial de fleurs coupés au monde, mettent la clé à la porte. Selon Jean-Marc Crousaz, 60% des producteurs aux Pays-Bas ont décidé d'arrêter de produire en hiver. Il faut dire que ces fleurs, comme les roses, sont cultivées sous des serres qu'il faut chauffer, souvent au gaz, et éclairer. 

Conséquence directe chez nous en Suisse: certaines fleurs sont introuvables à l'instar des roses primadonna, akito ou black. Autre constat : la qualité de certaines fleurs sont moins bonnes comme pour les roses apple jack ou les con amore.

Ce constat, Cathia Bulloni le fait aussi. La fleuriste de chez Rosae à Villars-sur-Glâne met elle la faute sur la météo. "Les courants d'air et les températures négatives peuvent être fatales pour les fleurs." 

Des prix en hausse

L'inflation touche aussi les clients. "Ils achètent un peu différemment et sont très attentifs à la durée de vie des fleurs. Ils en veulent pour leur argent", explique Cathia Bulloni. Chez Rosae, le prix des plantes vertes a dû être revu à la hausse: plus 20%. À Romont, à la fleur du coin, les prix aussi ont pris l'ascenseur. Un bouquet d'eucalyptus se vendait 16,50 avant Noël. Il faut désormais débourser 23,50 francs pour le même bouquet. 

Évidemment, les fleurs ne sont pas indispensables, alors si les clients doivent couper dans leurs dépenses, ils peuvent le faire dans les fleurs.

Du côté de l'association romande des fleuristes, florist.ch suisse romande, sa secrétaire, Marion Dupertuis, décrit une période compliquée pour beaucoup de ses membres. "Évidemment, les fleurs ne sont pas indispensables, alors si les clients doivent couper dans leurs dépenses, ils peuvent le faire dans les fleurs." 

L'association a perdu 5 membres sur les 30 qu'elle comptait en décembre. Marion Dupertuis donne les raisons de ces départs: "Ils sont partis pour économiser l'argent de la cotisation."

RadioFr. - Vincent Dousse
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