Fribourg introduit la maturité bilingue avec l'italien

Les élèves des quatre collèges fribourgeois qui étudient l'italien auront la possibilité, dès la prochaine rentrée scolaire, d'obtenir une maturité bilingue avec la langue de Dante. La formation comprendra un séjour d'une année dans un lycée tessinois.

Avec leur maturité, les élèves fribourgeois acquerront des compétences linguistiques solides, mettront en pratique leurs compétences interculturelles et tisseront des liens durables avec leurs camarades tessinois et leur famille d'accueil (archives). © KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI

Le projet a été présenté mercredi à Fribourg avec la participation notamment de la conseillère d'Etat Sylvie Bonvin-Sansonnens, en charge de la formation, et de son homologue tessinois Manuele Bertoli. Une telle opportunité existe pour l'heure dans les cantons de Vaud et de Berne.

L'apprentissage de l'italien est déjà fortement soutenu dans les collèges fribourgeois. La langue de Dante peut en effet être choisie aussi bien en langue 2 (L2) ou en langue 3 (L3) qu'en option spécifique (OS) ou encore en cours facultatif. "Il ne manquait que la maturité bilingue à cette offre", selon Sylvie Bonvin-Sansonnens.

Renforcer les liens avec le Tessin

La maturité bilingue avec l'italien sera proposée dès la rentrée prochaine aux élèves des deux parties linguistiques du canton, dans les quatre collèges du canton. Et probablement aussi par le GIB, dans quelques années.

Le but de cette nouvelle filière: promouvoir l'apprentissage de l'italien et de renforcer les liens culturels et personnels avec la Suisse italienne. "C'est un projet enthousiasmant. Si j'avais pu faire cela de mon temps, je l'aurai certainement fait!, sourit Sylvie Bonvin-Sansonnens. Cela permet de renforcer la cohésion nationale, d'établir un lien avec le canton du Tessin qui est important pour le canton de Fribourg, la communauté tessinoise notamment est bien présente au sein de l'UniFr."

Dans le détail, les élèves ayant choisi l'italien en L2 (possible dès la première année du gymnase), en L3 ou en OS (possible dès la 2e année) pourront s'inscrire pour accomplir un séjour d'une année dans un lycée tessinois, partenaire de leur école d'origine, où ils passeront leur deuxième ou troisième année de collège au Tessin.

Les étudiants logeront dans des familles d'accueil, un soutien financier étant possible grâce à une subvention fédérale. A leur retour, ils suivront une option complémentaire qui sera donnée en italien. Pour obtenir leur maturité, les étudiants devront passer un examen oral dans cette branche.

Des élèves intéressées

Les premiers diplômes de ce type seront délivrés en 2027. Actuellement, environ 10% des collégiens et collégiennes du canton de Fribourg apprennent l'italien. Un nombre en hausse ces dernières années. Ce sont eux qui pourraient bénéficier de cette nouvelle offre.

Etudiantes en 4e année au Collège Saint-Michel, avec l'option spécifique italien, Lisa Baechler et Julie Perroud auraient volontiers intégré cette filière. Les deux jeunes y voient l'occasion "d'en apprendre davantage sur la culture et la langue italienne". Un plus tant pour leur "futur professionnel" que pour l'"expérience humaine".

Un accueil aux petits oignons au Tessin

Passer une année entière dans un collège dans une autre région, suivre tous les cours dans une langue étrangère, c'est un sacré défi. Qui peut faire peur. Ce n'est pas facile, mais la scolarité a été adaptée à ce type d'échanges, et l'accueil sur place a été revu, souligne Nicola Pinchetti, recteur du lycée de Bellinzone, et qui a fait le déplacement à Fribourg pour cette conférence de presse ce mercredi.

Il a de l'expérience: son établissement scolaire accueille des élèves en immersion venus du canton de Berne notamment depuis plus de trois ans. "Les premières années, on a eu des difficultés, c'est vrai, mais on a depuis mis en place différentes mesures. Par exemple: une enseignante est responsable de ces élèves en échange, elles les accompagne et les aide en cas de problème. Aujourd'hui, ça marche très bien! Et puis l'intégration est facilitée par les options comme l'orchestre ou la chorale."

Ce projet sera bientôt réciproque: dès la rentrée 2024, des élèves tessinois désireux d'approfondir la connaissance du français devraient également être accueillis dans des collèges fribourgeois.

Reste cette question: ouvrir une nouvelle filière franco-italienne pour la maturité gymnasiale, est-il vraiment nécessaire quand on sait que le bilinguisme français-allemand a déjà du mal à exister dans le canton de Fribourg? "C'est une offre supplémentaire, répond Sylvie Bonvin-Sansonnens, qui se veut rassurante. Elle ne vient pas concurrencer l'enseignement bilingue français-allemand, elle vient en plus. L'apprentissage de l'allemand va continuer à être renforcé."

ATS - Maëlle Robert / ATS
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