Israël pilonne Beyrouth
D'intenses bombardements israéliens ont détruit plusieurs immeubles dans la banlieue de Beyrouth.
D'intenses bombardements aériens israéliens ont touché mercredi soir la banlieue sud de Beyrouth. De nombreuses frappes ont détruit plusieurs immeubles, selon l'agence libanaise, et provoqué une énorme explosion.
Selon l'agence de presse libanaise Ani, il s'agit des bombardements les plus importants dans ce secteur depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah il y a un mois.
L'agence officielle syrienne Sana a de son côté fait état tôt jeudi d'une frappe israélienne sur un "immeuble d'habitation" du quartier de Kafr Sousa à Damas, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), évoquant des "pertes humaines".
Quelques heures plus tôt, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, en tournée au Proche-Orient, avait appelé Israël à éviter une escalade avec l'Iran, qui soutient les deux mouvements islamistes.
Selon Ani, six immeubles ont été détruits dans le seul quartier de Laylaki, tandis que la chaîne pro-iranienne Al-Mayadeen a affirmé qu'un de ses bureaux dans un quartier du sud de Beyrouth avait été touché.
En revanche, il n'y a pas eu d'avertissement pour la frappe qui a touché le quartier de Jnah, dans le sud de la capitale libanaise. Cette frappe a tué une personne et en a blessé cinq autres, selon le ministère libanais de la Santé.
Le matin, Israël avait bombardé Tyr, dans le sud du Liban, poussant à fuir une partie des habitants de cette ville côtière, ancienne cité phénicienne et romaine au riche patrimoine archéologique, où des rues ont été dévastées. "Toute la ville a tremblé", a confié Rana, une habitante qui a refusé de donner son nom de famille, quand ces frappes ont touché "le coeur de Tyr".
La visite de M. Blinken dans la région est sa onzième depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, qui s'est propagée en septembre au Liban alors que toutes les tentatives de médiation internationale en vue d'un cessez-le-feu ont échoué.
"Guerre contre l'Iran"
M. Blinken a jugé mercredi que le "moment" était venu de mettre fin à la guerre à Gaza. Selon lui, Israël a atteint "la plupart de ses objectifs stratégiques" dans le territoire palestinien, "avec l'idée de s'assurer que le 7 Octobre ne peut plus jamais arriver". Après cette attaque, Israël avait promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.
Mardi, le secrétaire d'Etat avait estimé que la mort de Yahya Sinouar, le chef du Hamas tué par des soldats israéliens le 16 octobre, offrait une "occasion importante de ramener chez eux les otages" retenus à Gaza et de "mettre fin à la guerre".
Une source de sécurité a cependant affirmé mercredi que l'armée israélienne était prête pour encore "des mois de combats" à Gaza et au Liban. Israël ne mène pas "une guerre contre Gaza, ni une autre guerre contre le Liban", mais "une guerre contre l'Iran, parfois directement, parfois indirectement, via les alliés de l'Iran", a ajouté cette source.
M. Blinken a estimé "très important qu'Israël réponde d'une façon qui ne crée pas une plus grande escalade", alors que l'Iran se dit déterminé à riposter en cas d'attaque israélienne après le tir de 200 missiles iraniens contre son territoire le 1er octobre.
"Un autre hiver en guerre"
Dans la bande de Gaza, l'Organisation mondiale de la santé a reporté une campagne de vaccination contre la polio qui devait débuter dans le nord du territoire, où l'armée israélienne mène depuis le 6 octobre une nouvelle offensive contre le Hamas.
L'offensive israélienne lancée à Gaza a tué au moins 42'792 Palestiniens, majoritairement des civils, d'après des données jugées fiables par l'ONU. La guerre a provoqué le déplacement de la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants du territoire, qui se préparent à vivre un deuxième hiver soumis à des pénuries de plus en plus sévères.
"Nous ne nous attendions pas à vivre un autre hiver en guerre", a confié mercredi à l'AFP Salah Abou al-Jabeen, une femme de 32 ans installée dans un camp surpeuplé de Nousseirat, dans le centre du territoire. "Nous devons remplacer les toiles de tente parce qu'elles se sont abîmées à cause du soleil cet été", "nous avons aussi besoin de couvertures et de vêtements", a-t-elle ajouté.
En Israël, l'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité. Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.
"Au bord de l'effondrement"
Au Liban, l'armée israélienne a poursuivi mercredi ses attaques au sol dans le sud, lancées le 30 septembre, où le Hezbollah a dit avoir déjoué une tentative d'infiltration de soldats israéliens. Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah dans le sud du Liban, frontalier de son territoire, et permettre le retour dans le nord d'Israël de 60'000 habitants déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis un an.
Le Hezbollah a affirmé mercredi avoir tiré des roquettes sur une base militaire et un site industriel militaire près de Tel-Aviv, la grande ville du centre du pays, et visé deux autres bases militaires près de Haïfa, dans le nord.
Le Hezbollah a confirmé mercredi la mort dans une frappe israélienne de Hachem Safieddine, successeur pressenti à la tête du mouvement chiite de Hassan Nasrallah, lui-même tué dans la banlieue sud de Beyrouth le 27 septembre.
Au moins 1552 personnes ont été tuées au Liban depuis le début de la campagne de frappes aériennes israéliennes le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. L'ONU a recensé quelque 800'000 déplacés.
"Le Liban est au bord de l'effondrement", a prévenu à Beyrouth la chef de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock.