Combats acharnés autour de Khan Younès

Des combats acharnés ont opposé lundi l'armée israélienne et le Hamas palestinien à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. En parallèle, la pression internationale monte sur Israël pour préparer une issue à la guerre incluant la création d'un Etat palestinien.

De la fumée s'élève de Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, après des tirs israéliens. © KEYSTONE/EPA/MOHAMMED SABER

Israël doit accepter une solution à deux Etats pour garantir sa sécurité, ont souligné lundi des ministres des Affaires étrangères de l'UE avant de rencontrer séparément à Bruxelles leurs homologues israélien et palestinien.

Sur le terrain, des témoins ont fait part à l'AFP de tirs d'artillerie nourris dans la matinée, de la progression de chars israéliens et d'affrontements violents, près de l'université d'al-Aqsa et de l'hôpital Nasser à Khan Younès.

Plus de 25'000 morts à Gaza

Selon le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a accusé l'armée israélienne d'avoir visé cinq structures abritant 30'000 déplacés, "120 personnes" ont été tuées dans le secteur "durant les dernières 24 heures". L'armée israélienne a elle annoncé avoir pris le contrôle de postes de commandement du Hamas à Khan Younès.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre en échange de prisonniers palestiniens. Selon le même décompte, 132 otages sont toujours dans le territoire, dont 28 seraient morts.

Israël a juré "d'anéantir" le Hamas, qui a pris le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007. Ses opérations militaires y ont fait 25'295 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé du Hamas.

Fosse commune

Compte tenu de la situation et du manque de moyens, dans la cour de l'hôpital Nasser de Khan Younès - où se cachent des responsables du Hamas, selon Israël--, des Gazaouis ont mis en terre 40 corps dans une fosse commune lundi, selon l'AFPTV, le nombre de dépouilles enterrées ayant été indiqué par le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas.

Livrant sa "version des faits" sur le 7 octobre dans une opération inédite de communication, le Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union Européenne, a reconnu dimanche des "erreurs" ayant provoqué la mort de civils, exigeant "l'arrêt immédiat de l'agression israélienne".

Selon le Wall Street Journal, le renseignement américain estime que jusque-là, Israël a tué "environ 20% à 30%" des combattants de ce mouvement, bien loin de son objectif.

Washington, Doha et Le Caire, déjà médiateurs d'une trêve en novembre, tentent de négocier la libération des otages en échange d'un retrait israélien de Gaza, selon la même source. Des proches des otages, mobilisés pour leur retour, ont interrompu lundi une réunion au Parlement israélien alors que la contestation du gouvernement s'intensifie en Israël.

"Envisager des sanctions" contre Israël

Mais M. Netanyahu a "catégoriquement" rejeté dimanche les "conditions" du Hamas, et reste sourd aux appels internationaux qui se multiplient pour une trêve humanitaire et une solution à deux Etats pour l'après-guerre.

"Quelles sont les autres solutions", s'est interrogé à Bruxelles le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, "faire partir tous les Palestiniens? Les tuer?".

Reçu lundi à Bruxelles par les 27, le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz a plaidé pour le "démantèlement" du Hamas et la libération des otages. Reçu séparément, son homologue palestinien Riyad al-Maliki a insisté sur l'urgence d'un cessez-le-feu et demandé à l'UE "d'envisager des sanctions" face au refus d'Israël de discuter d'une solution à deux Etats.

"Assaut en territoire libanais"

Dans la bande de Gaza, où au moins 1,7 des 2,4 millions d'habitants ont dû fuir leur foyer, beaucoup se massant dans le sud. Selon l'ONU, la situation humanitaire et sanitaire est catastrophique.

Le conflit exacerbe aussi les tensions entre Israël et les alliés du Hamas réunis par l'Iran au sein de ce qu'il qualifie d'"axe de la résistance", notamment le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites Houthis. A la frontière israélo-libanaise, où le mouvement islamiste libanais a ouvert un deuxième front contre Israël, des frappes israéliennes ont touché lundi plusieurs villages, selon l'agence de presse libanaise (NNA).

"Une guerre dans le nord sera un défi pour Israël, mais dévastatrice pour le Hezbollah et le Liban", a assuré le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant lors d'un entretien à Tel-Aviv avec son homologue français Sébastien Lecornu, qui doit être également reçu par Benjamin Netanyahu.

Le Hezbollah a affirmé avoir visé dans la nuit des troupes israéliennes préparant selon lui un "assaut en territoire libanais".

ATS
...