"Dans une guerre commerciale il n'y a que des perdants"
L'annonce des tarifs du président Trump frappe de plein fouet le canton de Fribourg, qui exporte massivement vers les États-Unis. Réactions.
31% de droits de douane sur les produits exportés vers les États-Unis depuis la Suisse. Ce chiffre, sur toutes les lèvres ce jeudi, va impacter le canton de Fribourg. Dès samedi, la première partie (10%) de la taxe entrera en vigueur. Le reste suivra dès le 9 avril, alors que l'inquiétude gagne déjà les milieux entrepreneuriaux.
Pour le Gruyère AOP notamment, c'est un coup dur. La marque exporte presque 4'000 tonnes de fromages vers les États-Unis chaque année. "Tout le monde est abasourdi par l'annonce. Si les prix deviennent plus élevés sur le marché, la conséquence de ces taxes, ce sont forcément des consommateurs en moins", regrette Philippe Bardet, directeur de l'Interprofession du Gruyère AOP. "On estime qu'on pourrait perdre 1'000 tonnes sur le volume total qui sera exporté."
L'interprofession ne sera évidemment pas la seule touchée. C'est aussi le cas de Magtrol, société active dans les tests moteurs, qui fait 10% de son chiffre d'affaires aux USA. Contactée par la Télé, elle indique qu'elle peut difficilement se prononcer en l'état actuel des choses, mais qu'elle devra "tirer les conséquences" de cette décision du gouvernement Trump.
Faire preuve de patience
De son côté, Jerry Krattiger, le directeur de la promotion économique de la Ville de Fribourg ne mâche pas ses mots. "C'est une très mauvaise nouvelle pour les entreprises suisses exportatrices. On rentre dans une période avec beaucoup de volatilité, beaucoup d'incertitude. Certaines entreprises dans le canton de Fribourg exportent jusqu'à 60% de leur production aux États-Unis. Elles seront touchées de plein fouet."
Les États-Unis sont le deuxième pays exportateur le plus important pour le canton de Fribourg. Outre le fromage, on y exporte de la joaillerie, des instruments de mesure de précision, des machines ou encore de l'agroalimentaire, comme le café et le chocolat. Plus de 740 millions de francs sont exportés chaque année.
Jerry Krattiger souligne que l'approche des tarifs ne fonctionne pas. "Ce n'est pas comme ça que vous réindustrialisez un pays", estime-t-il. "Il faudra aussi faire preuve de patience. Est-ce que c'est juste du bluff ou un outil de négociation pour essayer de retirer des rétrocessions ou des concessions? Dans une guerre commerciale, il n'y a que des perdants de toute façon."
