Le procès de Depardieu renvoyé à 2025

Le procès de l'acteur français Gérard Depardieu pour agressions sexuelles sur deux femmes lors d'un tournage en 2021 a été renvoyé lundi par un tribunal à Paris au 24 et 25 mars 2025.

Le procès de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles a été reporté à mars 2025. Les plaintes et accusations se sont multipliées depuis six ans contre le monstre sacré du cinéma français, ici en photo en 2015. (archives) © KEYSTONE/AP/THIBAULT CAMUS

Convoqué lundi devant le tribunal, l'acteur de 75 ans ne s'est pas présenté, son avocat invoquant des raisons de santé, tandis qu'une centaine de personnes ont manifesté devant le tribunal de Paris pour soutenir les victimes.

La justice française a ordonné une expertise médicale début mars afin de statuer sur la capacité de l'acteur à pouvoir comparaître.

Les plaintes et accusations se sont multipliées depuis six ans contre le monstre sacré du cinéma français, au tempérament fort en gueule et outrancier, amateur de saillies graveleuses et misogynes.

"Malheureusement, ses médecins ont prescrit une interdiction de se présenter aujourd'hui", a indiqué Me Jérémie Assous en arrivant à l'audience, précisant qu'il demanderait un report de six mois au tribunal afin que Gérard Depardieu, 75 ans, puisse se défendre.

Dans la salle, l'intégralité des bancs était occupée, notamment par des membres d'associations féministes et des femmes qui ont elles aussi dénoncé des agressions de la part de Gérard Depardieu.

Les débats sont également retransmis en direct dans une autre salle pour le public et les journalistes qui n'ont pu entrer.

Avant le début du procès, une manifestation féministe s'est tenue, avec une centaine de personnes, en grande majorité des femmes.

Propos misogynes et insultants

"Victimes on vous croit, violeurs on vous voit", ont notamment scandé les manifestants, un peu avant le début de l'audience.

"Tu n'es pas la fierté de la France", a-t-on également pu entendre, en référence à des propos d'Emmanuel Macron, tenus en décembre 2023, lorsque le président français avait dénoncé une "chasse à l'homme" contre Gérard Depardieu, un "immense acteur" qui "rend fier la France". Il réagissait alors à la diffusion d'un reportage de la chaîne publique France 2, au cours duquel l'acteur multipliait les propos misogynes et insultants envers les femmes.

Figure connue dans le monde entier, fort de plus de 200 films, Gérard Depardieu a été accusé ces six dernières années de violences sexuelles par plusieurs femmes.

Des plaintes pour agressions sexuelles visant l'acteur ont été classées pour prescription.

Gérard Depardieu est sous la menace d'un autre procès : en août, le parquet de Paris a requis son renvoi devant la cour criminelle pour qu'il soit jugé pour viols et agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould, la première à porter plainte contre l'acteur, en 2018.

Concernant le procès qui s'est ouvert, Gérard Depardieu s'était vu remettre fin avril, à l'issue d'une garde à vue, une convocation devant le tribunal "pour des agressions sexuelles susceptibles d'avoir été commises en septembre 2021 au préjudice de deux victimes, sur le tournage du film 'Les volets verts'" de Jean Becker, selon le parquet.

Traitement de faveur

Une des deux femmes, décoratrice de cinéma, avait porté plainte en février 2024 contre l'acteur pour agression sexuelle, harcèlement sexuel et outrages sexistes pendant le tournage de ce film, aboutissant à l'ouverture d'une enquête.

"J'attends que la justice soit la même pour tous et que M. Depardieu ne bénéficie pas d'un traitement de faveur parce qu'il est un artiste", a déclaré à l'AFP son avocate, Me Carine Durrieu-Diebolt.

De son côté, Me Assous a estimé que Gérard Depardieu était "la cible d'accusations mensongères" dans "le but" de "s'enrichir de 30'000 euros".

Selon la plaignante de 55 ans, les faits reprochés se seraient déroulés en septembre 2021, dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement parisien.

Dans son récit au site d'investigation français Mediapart, elle expliquait que Gérard Depardieu aurait soudainement hurlé lors d'une conversation qu'il voulait un "ventilateur", car il ne pouvait "même plus bander" avec cette chaleur. Puis il aurait assuré pouvoir "faire jouir les femmes sans les toucher".

Une heure plus tard, il l'aurait "attrapée avec brutalité" alors qu'elle quittait le plateau.

M. Depardieu l'aurait alors "bloquée en refermant ses jambes sur (elle) comme un crabe", puis lui aurait "pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu'à (ses) seins", a-t-elle assuré.

#Metoo

Il lui aurait également tenu des "propos obscènes" tels que "Viens toucher mon gros parasol, je vais te le fourrer dans la chatte".

"Ma cliente attend que la justice acte que Gérard Depardieu est un agresseur sexuel en série", a ajouté Me Carine Durrieu-Diebolt.

L'acteur sera aussi jugé pour des violences sexuelles dénoncées dans une plainte par une autre femme, assistante réalisatrice sur le même film.

Lors de ce tournage, "du matin au soir, on avait le droit à ses salaceries", avait pour sa part témoigné l'actrice Anouk Grinberg, dans un entretien à l'AFP.

"Jamais, au grand jamais je n'ai abusé d'une femme", s'était défendu Gérard Depardieu dans une lettre ouverte publiée dans le journal Le Figaro en octobre 2023.

Lancé en 2017 pour dénoncer le comportement du producteur américain Harvey Weinstein, le mouvement #MeToo a déferlé ces dernières années sur le cinéma français.

Plusieurs grands noms ont été accusés de violences sexuelles comme les réalisateurs Jacques Doillon ou Benoît Jacquot.

ATS
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