Des capteurs pour aider les vignerons à lutter contre le gel

Développés par une start-up fribourgeoise, les thermomètres intelligents sont utilisés dans une centaine d'exploitations en Suisse.

Christian Vessaz, de la cave du Crû de l’Hôpital à Môtier dans le Vuilly, possède six capteurs de type Koala. © RadioFr.
Christian Vessaz, de la cave du Crû de l’Hôpital à Môtier dans le Vuilly, possède six capteurs de type Koala. © RadioFr.
Christian Vessaz, de la cave du Crû de l’Hôpital à Môtier dans le Vuilly, possède six capteurs de type Koala. © RadioFr.
Christian Vessaz, de la cave du Crû de l’Hôpital à Môtier dans le Vuilly, possède six capteurs de type Koala. © RadioFr.
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C’est un terrain en pente, à une cinquantaine de mètres du lac de Morat. Une parcelle de Malbec, un cépage de raisin noir. On est début avril : à cette période de l’année, les vignes n’ont encore ni feuilles ni bourgeons. Au bout de l’une des rangées sont accrochés deux capteurs Koala développés par la start-up fribourgeoise Koalasense.

Ce sont des petits boitiers noirs qui mesurent la température et l’humidité de l'air. Leur surnom, capteurs Koala, vient du fait qu’ils s’accrochent aux vignes ou aux branches, en s’agrippant autour.

Christian Vessaz, de la cave du Crû de l’Hôpital à Môtier dans le Vully, possède six capteurs de ce type. Ils viennent compléter les données déjà disponibles, puisque le Vully, comme beaucoup de régions, est équipé d’une station météorologique qui fournit aussi des prédictions.

Ces capteurs permettent de donner des informations en temps réel plus précises. "Nos parcelles sont distantes de quinze kilomètres entre l'ouest et l'est du terrain. Cela nous facilite la vie d'avoir ces informations en temps réel. Cela nous évite de devoir nous lever la nuit, à trois heures du matin par exemple, aller contrôler la température sur nos différents terrains."

Des bougies pour réchauffer les vignes

Christian Vessaz a placé ses capteurs sur ses parcelles les plus sensibles au gel, notamment les bas de coteaux. Il les a aussi paramétrés en fonction de critères déterminés à l'avance comme la température ou l'humidité. Il sera donc alerté par une notification sur une application via un SMS ou encore un appel.

En cas de risque de gel, que faut-il faire ? "D'abord, il faut interpréter ces informations, voir si le froid va s'installer durablement ou pas, et jusqu'où le mercure peut plonger, répond le vigneron. S'il y a un véritable risque de gel, alors on va aller allumer des chaufferettes, des sortes de bougies posées entre les rangs de vignes pour réchauffer les végétaux."

En effet, en cas de gel, il n'est pas possible d'asperger la vigne avec de l’eau comme le font certains arboriculteurs pour protéger leurs cerisiers ou leurs abricotiers. Cela ne marche pas dans les vignobles. Les informations livrées par les capteurs "koala" 2.0 seront surtout utiles si elles ont été anticipées, précise Christian Vessaz : "Si l'alarme sonne, mais que l'on n'a pas déjà positionné les bougies sur le terrain, le temps de le faire, ce sera trop tard."

Risques accrus avec le changement climatique

Pour ne pas en arriver là, pour rendre les ceps moins vulnérables, il a développé une autre technique : dans les zones sensibles, lors de la taille, il conserve pendant une partie de l’année, non pas une, mais deux branches à fruit. Là aussi, les capteurs aident à mesurer l’impact de cette mesure.

Le capteur coûte 350 francs plus encore le prix d'un abonnement pour gérer les données. Ce vigneron a décidé d’investir dans cette technologie après l’épisode de gel de 2017.  Ce printemps-là, du gel massif avait causé beaucoup de pertes dans son domaine. Cela faisait plus de 40 ans que cela n’était pas arrivé. 

Au printemps, aux mois d'avril et mai, les cultures sont les plus vulnérables: "pendant l'hiver, le risque de gel est quasiment inexistant, la vigne supporte jusqu'à -17 degrés. C'est vraiment lorsque les premières feuilles sont sorties que le risque est accru. Et on remarque que l'on a de plus en plus de problèmes avec le changement climatique, parce que la vigne se met en activité plus vite. Du coup, comme il vient encore quelques jours de froid fin avril et début mai, on a plus de risques d'avoir des dégâts", explique Christian Vessaz.

C'est à cette période que les capteurs Koala sont précieux, même s’il servent aussi le reste de l’année, les différences de température entre les parcelles aident à suivre l’évolution de la maturité du raisin par exemple.

Capteurs aussi utiles sur les pistes de ski

Ces thermomètres intelligents ne sont pas réservés aux vignerons. Ils peuvent aussi aider les arboriculteurs et les maraîchers: "on peut aussi mesurer la température dans les serres. Cela peut être une protection supplémentaire pour les maraîchers, afin qu'ils soient alertés rapidement si le système d'ouverture des tunnels fonctionne mal. Dans ce cas, les professionnels pourront aller voir sur place et gérer le problème", indique Stéphane Biolley, ingénieur en développement logiciel dans la start-up fribourgeoise Koalasense.

Ces capteurs Koala sont utilisés aujourd’hui par une centaine d’arboriculteurs et de vignerons en Suisse. Ils sont même utilisés depuis trois ans lors de la Coupe du monde de ski à Crans-Montana : ils aident les organisateurs à gérer au mieux la qualité de la neige!

RadioFr. - Maëlle Robert
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