Israël tue des humanitaires à Gaza
Israël a admis mardi une frappe "non intentionnelle" qui a tué dans la bande de Gaza sept collaborateurs de World Central Kitchen.
L'ONG humanitaire qui livre de la nourriture au territoire palestinien a suspendu ses opérations dans la région après la frappe. Plusieurs pays et organisations ont condamné ce raid meurtrier pour l'ONG basée aux Etats-Unis et qui est l'une des rares à opérer encore dans le territoire palestinien dévasté par près de six mois de guerre entre Israël et le Hamas palestinien. Certains ont demandé des "explications" à Israël.
"Malheureusement hier (lundi), il s'est produit un incident tragique, nos forces ayant frappé de façon non intentionnelle des innocents dans la bande de Gaza", a déclaré mardi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. "Cela arrive dans une guerre, nous allons vérifier jusqu'au bout, nous sommes en contact avec les gouvernements et ferons tout pour que cela ne se reproduise plus jamais", a-t-il ajouté.
"Attaque ciblée"
"Dévastée", l'ONG WCK a confirmé que "sept membres de l'équipe ont été tués à Gaza dans une frappe des forces israéliennes". "J'ai le cœur brisé et je suis consternée que nous, World Central Kitchen et le monde, ayons perdu de belles vies aujourd'hui à cause d'une attaque ciblée des forces israéliennes", a déclaré la présidente de WCK, Erin Gore.
Les victimes étaient "originaires d'Australie, de Pologne, du Royaume-Uni, (et comprenaient aussi) un citoyen ayant la double nationalité américaine et canadienne et une personne palestinienne", selon l'ONG. Depuis le début de la guerre, WCK a participé aux opérations humanitaires, notamment en fournissant des repas dans le territoire palestinien, où la majorité des quelque 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine selon l'ONU. Elle a aidé à l'envoi d'un premier bateau d'aide de Chypre vers Gaza mi-mars.
Alliés historiques d'Israël, les Etats-Unis ont réclamé une enquête "rapide et impartiale". La Grande-Bretagne a elle convoqué mardi l'ambassadeur d'Israël pour exprimer sa "condamnation sans équivoque" de la mort des sept personnes, dont trois Britanniques. Les victimes de WCK ont été emmenées à l'hôpital de Deir el-Balah. Un correspondant de l'AFP a vu cinq corps et trois passeports étrangers près des dépouilles.
Près de 33'000 morts
Depuis le début de la guerre, plusieurs ONG présentes à Gaza ont affirmé que leurs employés ou sites avaient été touchés par des frappes israéliennes.
Au moins 32'916 personnes, la plupart des civils, ont été tuées dans les opérations israéliennes, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas, en faisant état de plus de 70 Palestiniens tués ces dernières 24 heures dans les bombardements incessants israéliens.
Destructions et cadavres à al-Chifa
Lundi, après 18 jours d'opérations, les soldats israéliens se sont retirés du complexe hospitalier al-Chifa à Gaza laissant derrière eux d'immenses destructions et des cadavres. Les soldats ont "tué plus de 200 terroristes et arrêté plus de 900 personnes suspectées de terrorisme" sur le site de l'hôpital en ruines, a indiqué l'armée après avoir accusé le Hamas d'avoir utilisé l'hôpital comme un "centre de commandement".
La Défense civile de Gaza a fait état de 300 morts à l'intérieur et autour de l'hôpital dans les opérations israéliennes. Des médecins et civils présents dans le complexe ont déclaré à l'AFP qu'au moins 20 corps avaient été retrouvés, dont certains semblaient s'être fait rouler dessus par des véhicules militaires.
"La condamnation et la dénonciation ne suffisent pas face aux crimes qui se poursuivent dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem", a déclaré mardi en ouverture du conseil des ministres le Premier ministre de l'Autorité palestinienne, Mohammed Mustafa. Selon lui, l'opération à al-Chifa est un "véritable crime de guerre".
La guerre a aussi exacerbé les craintes d'un embrasement dans la région. Lundi, 13 personnes ont été tuées dans un raid inédit imputé à Israël contre la section consulaire de l'ambassade d'Iran à Damas, selon télévision d'Etat à Téhéran. L'Iran a juré de riposter au raid "du régime sioniste", alors que l'Union européenne a appelé à la "retenue".