Elle ne manifeste pas, elle dirige une entreprise

Mélina Neuhaus vient de fonder Maneki, sa 2e agence de relations publiques. Et cette fois, elle est seule aux commandes.

Pour Mélina Neuhaus, fondatrice de l'agence Maneki, le succès c'est d'être bien dans sa vie. © Stéphane Schmutz / STEMUTZ.COM

Elle est ultra ponctuelle, il faut dire qu'elle enchaîne les rendez-vous et que chaque minute compte. C'est dans un immeuble ultra moderne et luxueux de Crissier que je rencontre Mélina Neuhaus, fondatrice et directrice de Maneki, une agence de relations publiques en activité depuis le mois de janvier.

Je pense que le hasard se force

Souriante, chaleureuse et déterminée. Trois adjectifs qui qualifient bien cette presque quadragénaire, au parcours déjà riche: ça fait 20 ans qu'elle travaille dans le domaine de la communication. D'abord en tant que salariée dans des petites et grandes structures puis en tant qu'indépendante. Et dans un domaine un peu inattendu pour celle qui a fait des études en gestion d'entreprises.

"Je pense que le hasard se force!" déclare Mélina Neuhaus. Et sans doute aussi qu'on ne peut pas aller longtemps contre sa propre nature. Celle de cette Fribourgeoise d'origine, qui a grandi à Arconciel puis Villars-sur-Glâne, c'est d'être son propre patron. Petite déjà, elle n'aimait pas trop l'autorité. A 28 ans, mère d'un premier enfant, elle franchit le cap et fonde avec un ami d'enfance, Elitia, sa première agence RP. On est au début des années 2010, les réseaux sociaux se développent et les deux associés se glissent dans cette brèche.

Du culot et des projets de fou

12 ans plus tard, nouveau virage pour Mélina Neuhaus. Le Covid est passé par là et la jeune femme, enceinte de son 2e enfant, décide de voler de ses propres ailes et crée Maneki, sa nouvelle entreprise de communication. "C'est une nouvelle aventure qui commence", se réjouit-elle. L'occasion aussi de prendre du recul sur cette carrière déjà longue de presque deux décennies. "Quand j'y repense, on a lancé des projets de fou, j'avais du culot!" s'étonne la cheffe d'entreprise. "Je ne suis pas sûre, aujourd'hui à 40 ans que j'oserais encore refaire ce que j'ai fait !"

Et Mélina Neuhaus de se remémorer aussi quelques situations compliquées, des remarques qu'elle n'aurait jamais essuyées si elle avait été un patron au lieu d'une patronne. "ça reste encore un problème, regrette la jeune femme, même s'il y a beaucoup d'améliorations".

Il y a une certaine magie qui opère

Ses expériences, heureuses, mais parfois aussi moins gratifiantes, elle les partage avec d'autres femmes, elles aussi à la tête de leurs sociétés. Dans son podcast "de Toi à Moi", elle les interroge sur leurs parcours, leurs inspirations et les conseils qu'elles pourraient donner à celles qui ont aussi envie de se lancer. La sororité, Mélina Neuhaus y est très sensible. Elle a depuis longtemps intégré des groupes de femmes, eu l'occasion d'en engager et apprécie de travailler avec elles. "Il y a une certaine magie qui opère".

En revanche, pas question pour la Vaudoise d'adoption d'aller manifester le 14 juin, à l'occasion de la Grève féministe. Mélina Neuhaus n'est pas du genre à lever le poing dans la rue, mais plutôt à vouloir encore et toujours faire ses preuves.  "Il y a d'autres moyens plus subtils de montrer que les femmes ont le droit de prendre leur place, estime-t-elle. Elles doivent démontrer qu'elles sont capables au lieu de manifester". Alors oui, les changements sont lents, mais il faut continuer d'avancer, d'avoir des rêves et de tout mettre en oeuvre pour les réaliser." Ses rêves, Mélina les a en partie réalisés: être mère, indépendante professionnellement et bien dans sa vie. Mais elle en a encore largement sous le coude.

RadioFr. - Sarah Camporini
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