Envie de faire une pause après les excès des fêtes?

Le "Dry January" fait pour la 1ère fois l'objet d'une campagne nationale. Le point avec des spécialistes fribourgeois des addictions.

Quelle quantité peut-on boire avant que la consommation ne devienne problématique? © KEYSTONE

31 jours sans alcool: c'est le défi que se lancent les adeptes du Dry january. Initialement lancé en Grande-Bretagne en 2013, le mouvement est désormais mondial et la Suisse n'est pas en reste. La campagne du "Dry January" est lancée pour la première fois par plusieurs associations dans notre pays, notamment par le Groupe Romand d'Etudes sur les Addictions (GREA), la Croix-Bleue et le Staatslabor.

Une campagne incitative et ludique

La campagne se veut loin des conseils souvent trop moralisateurs des milieux médicaux. Pour les organisateurs, l'idée est surtout de questionner la consommation d'alcool. "Est-ce je me serre systématiquement un verre de blanc ou une bière quand je rentre fatigué du travail? Est-ce que j'en ai besoin quand je suis stressé?" indique Cédric Fazan, directeur de la fondation Le Tremplin et président du GREA.

Selon lui, il est aussi important que l'alcool soit un moment de plaisir et de partage: "la consommation d'alcool pose problème lorsqu'elle devient plus individuelle et de moins en moins conviviale. Et évidemment, si la consommation devient systématique, alors c'est un problème, et notre corps ne peut pas le supporter."

Quelle quantité?

Mais trop, c'est combien? "Il y a une inégalité de genre face à l'alcool. Une consommation à risque pour les femmes c'est au-delà de 7 bières par semaine, pour les hommes c'est 14 bières", explique Isabelle Gothuey, médecin spécialiste des addictions au réseau fribourgeois de santé mentale .

Mais elle précise que si les quantités sont importantes, il faut aussi et surtout voir les conséquences sur la vie quotidienne: "les critères d'une consommation à risque sont remplis lorsque vous commencez à avoir des impacts sur vos journées: vous buvez un peu tous les jours et vous perdez votre permis de conduire à cause de l'alcool par exemple."

A la question de savoir s'il est préférable de boire un peu souvent ou rarement beaucoup, la spécialiste répond: "aucune des deux habitudes n'est la meilleure. Il faut vraiment regarder les conséquences de la consommation."

Pas de public cible en particulier

La campagne du "Dry January" ne vise pas une tranche d'âge ou une population en particulier. "Evidemment, on s'adresse peut-être plutôt aux jeunes, parce qu'on sait que plus une personne commence à boire tard dans sa vie, moins elle a de risque de développer des addictions" souligne Cédric Fazan.

Isabelle Gothuey pointe quant à elle un autre public cible important: le troisième âge. "Les seniors sont à risque parce que moins visibles dans la société. Et une personne active va normalement limiter sa consommation pour pouvoir aller travailler."

Quelques chiffres

En Suisse, on considère qu'environ 15% de la population est abstinente, et qu'environ 60% se situe entre une consommation modérée et à risque. En revanche, 5% des Suisses ont une dépendance à l'alcool. Enfin, 25% de la mortalité des 29-39 ans est liée l'alcool.

RadioFr. - Vincent Dousse
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