"La dévastation de Gaza a tous les traits d'un génocide"

Il y a un an, le Hamas attaquait Israël. Depuis ce jour, plus de 41'000 Palestiniens ont péri. Interview du spécialiste Francis Piccand.

Francis Piccand, spécialistes en relations internationnales, évoque le caractère "disproportionné" de la réponse israélienne à l'attaque du 7 octobre. © Keystone/RadioFr.

RadioFr.: En un an, l'armée israélienne a détruit la grande majorité de la bande de Gaza. Francis Piccand, vous êtes enseignant, spécialisé en relations internationales et ancien conseiller politique pour la région Moyen-Orient au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). La réaction d'Israël est-elle disproportionnée par rapport à l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023?

Francis Piccand: Elle l'est totalement. La dimension qu'a prise le conflit dépasse l'entendement. Aucune des guerres récentes, qu'il s'agisse de celle en Afghanistan ou au Soudan, n'a fait l'objet d'un soutien aussi indéfectible que celui en faveur d'Israël, de la part des gouvernements occidentaux. De plus, les personnes ayant dénoncé l'opération militaire d'Israël ont été décriées. Pourtant, à mon sens, la dévastation et la volonté d'effacement de l'identité palestinienne à Gaza est sans commune mesure. Elle a tous les traits, toutes les caractéristiques d'un génocide.

Ces dernières semaines, de nombreux dirigeants du Hamas sont morts. Est-ce bientôt la fin de ce groupe?

Au lendemain du 7 octobre 2023, Benyamin Netanyahou a promis d'éradiquer complètement le Hamas. Certes, le mouvement a été durement frappé et ses leaders éliminés. Mais le groupe n'est pas qu'une somme de combattants. Il a fait du social, par exemple en scolarisant des enfants gratuitement. C'est un mouvement qui a créé des perspectives et de l'espoir pour le peuple palestinien. À mon avis, le gouvernement israélien utilise le Hamas comme bouc émissaire pour justifier le véritable projet d'annexer les territoires palestiniens occupés, tels que Gaza ou la Cisjordanie.

Désormais, la guerre s'est exportée au Liban, où existe le Hezbollah, un groupe armé équivalent au Hamas. À quoi faut-il s'attendre dans cette région?

Il est difficile d'évaluer les réelles intentions d'Israël. Le motif évoqué par le Premier ministre pour justifier les frappes au Liban est de vouloir éradiquer le Hezbollah. Mais l'argument n'est pas convaincant. Pour plusieurs experts de la région, il s'agit de conquérir la partie sud en vue d'une annexion. En 1992, Israël a déjà tenté d'envahir le Liban, mais ce fut un échec. Peut-être que Benyamin Netanyahou et ses équipes commettent une erreur identique.

Écoutez l'interview complet de Francis Piccand:

RadioFr. - Léo Martinetti
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