Franck Dubosc: "Quand on est réalisateur on s’amuse moins"
L’acteur et humoriste est de retour avec un 3e film “Un ours dans le Jura”, à découvrir dès le 1er janvier 2025 au cinéma. Interview.
Radio Fr: Franck Dubosc, ce film, “Un ours dans le Jura”, c’est votre 3ème film en tant que réalisateur. C'était un petit retour à vos premiers amours la réalisation. Gamin, vous aviez une petite caméra, et vous alliez apparemment “embêter” vos amis et voisins pour faire des petits films?
Franck Dubosc: Oui, en effet. Comme vous l’avez dit, petit j’avais ma petite caméra et un petit projecteur, ça m’intéressait beaucoup. Je me suis effectivement vite rendu compte que c’est ça que je voulais faire. On avait 12, 13 ans, j’allais toquer à la porte de mes copains, c’était génial mais ça emmerdait tout le monde. Et je me suis dit, si je veux me faire aimer, parce que j'avais envie de me faire aimer, ce n'est pas ça qu'il faut que je fasse, il ne faut pas que je sois le chef. Être le chef, ce n'est jamais la bonne place. Et puis avec le temps, je me suis rendu compte qu'en fait, être réalisateur, ce n'est pas être le chef. Quand on devient plus grand, on se dit, je vais tout faire pour me faire quand même aimer en étant désagréable (sourire). Par exemple, Benoît Poelvoorde, il a adoré le film. Il est venu me voir et il m'a dit “Mon petit Francky, écoute, je comprends maintenant pourquoi tu m'as fait chier.” (sourire) Quand on est réalisateur on s'amuse moins, on ne s'amuse pas avec les autres pendant le tournage. Nous, on est stressé, il y a le temps, il y a l'heure. Donc, il y a tous ces côtés-là que je ne connaissais pas quand j’étais jeune, je ne savais pas que c'était aussi difficile. Et voilà, c'est tout ce qui m'a empêché de foncer là-dessus au début.
Et j'imagine qu'on a aussi un stress supplémentaire quand on est réalisateur. Dans le sens où il faut tout assumer, les bonnes mais aussi les mauvaises critiques?
Alors je vais vous dire, j'assume beaucoup plus facilement les critiques en tant que réalisateur qu'en tant qu'acteur. En tant qu'acteur, on n'est pas maître, et en tant que réalisateur, je plaide coupable de tout ce que je fais. Quand on est acteur, on n'a pas toujours fait le film que nous on aimait, que ça soit dans le choix, dans la fabrication du film, dans la direction d'acteur. Alors, je ne mets pas tout ça sur le dos des autres réalisateurs, bien entendu. Mais on est dans une autre façon de voir les choses, vraiment. J’ai connu les critiques depuis “Tout le monde debout”, alors ça blesse toujours si quelqu'un n'aime pas. Mais j'assume, je suis allé au bout, j'ai mis les musiques que je voulais, j'ai fait jouer les acteurs comme je voulais. Mais comme je dis, je plaide coupable de chacun de mes films.
“Un ours dans le Jura”, qu’on pourra découvrir le 1er janvier 2025 au cinéma, alors c'est sûr qu'on est loin de l'ambiance “Camping” ou de “Tout le monde debout”. Dès le départ, vous avez eu envie d'explorer un autre style. De rester, bien sûr, dans l'humour, mais un humour plus noir. On présente ce film comme une comédie noire, une comédie sérieuse mais personnellement, je le présenterais plus comme un thriller teinté d'humour. Est-ce que ça vous va aussi?
Oui, ça me va très, très bien. D'ailleurs, c'est ce qui permet le rire, c'est-à-dire que parfois, on est soulagé de rire. Il y a les deux aspects mais l'aspect principal que j'ai voulu développer, c'est le thriller, c'est de l'humour sérieux. J'ai vu des salles, où ça riait, ça riait! Je n'avais jamais entendu autant rire que dans un de mes films, j'étais très surpris. J'ai des copains qui sont sortis, qui venaient voir un thriller, et qui me disaient à chaque fois, mais c'est une comédie? Et je dis, tant mieux si tu trouves que c'est une comédie, parce que c'est le petit plus. Moi, j'aime le côté "et en plus on rit". Je préfère le "et en plus on rit" que "on ne rit pas assez". Donc, je préfère dire aux gens, il y a des morts, il y a un couple qui ne s'aime pas, puis qui s'aime, et effectivement, il se trouve qu'on va rire de temps en temps quand même.
On va évidemment faire un petit pitch de ce film. On a un couple, Michel et Cathy. Ce couple, c'est vrai qu'il est pas mal épuisé par des problèmes financiers, notamment, et il ne se parle plus beaucoup. Et puis, arrive ce jour où Michel, donc vous, pour éviter un ours, va heurter une voiture. Résultat, on a deux morts, à l'intérieur de la voiture on a un joli sac avec un revolver dedans, et on a surtout deux millions d'euros. Et c'est un peu là que tout commence, Franck? Surtout que les ours dans le Jura, ça n'existe pas …
Oui, les ours n'existent pas dans le Jura et je pense que trouver deux millions dans un coffre, ça existe encore moins (rires). Ça aurait pu s'appeler “deux millions dans un coffre”. J'allais dire que les emmerdes commencent ou que le bonheur commence peut-être aussi à ce moment-là.
Ce couple, vous l'interprétez avec la fabuleuse Laure Calamy. Michel, c'est quelqu'un de timide, qui n'est pas très sûr de lui, un petit peu maladroit. Cathy, au contraire, elle prend un peu tout sur ses épaules. Ce couple usé, justement, il va finir par se retrouver grâce à cet accident de voiture, j'ai envie de dire?
Oui, alors j'allais dire grâce à cet argent, mais ce n'est pas grâce à l'argent, c'est grâce à toute cette histoire, à cette aventure extraordinaire, qu’ils vont se rapprocher. Il y a une phrase qui résume le film, pour moi, que dit Emmanuel Devos qui joue aussi dans le film, "Le meilleur moyen de se retrouver, c'est de savoir où on va se perdre".
Franck, je termine toujours ces interviews avec un petit instant “Crush”, vous avez 50 films à votre actif, j'aimerais votre crush parmi la trilogie “Camping”, "Disco" et "Loups-Garous"? Le rôle que vous avez le plus apprécié à jouer ou les meilleurs moments de tournage aussi?
Ah, c'est trois choses différentes même si dans “Camping” et “Disco” les personnages se ressemblent un peu. Forcément, j'ai une tendresse pour Patrick Chirac. Je l'aime. On va dire Patrick Chirac, c'est le papa de tous mes rôles, finalement.