Carnage dans une salle de concert à Moscou
Au moins 133 personnes ont été tuées et 115 blessées vendredi soir dans une attaque armée suivie d'un énorme incendie dans une salle de concert en banlieue de Moscou. L'assaut a été revendiqué par l'Etat islamique (EI).
Les forces de sécurité russes ont indiqué être "à la recherche" des assaillants. Elles n'ont pas précisé si des suspects étaient encore dans le bâtiment à 21h00 (heure en Suisse). Une enquête pour "acte terroriste" a été ouverte.
L'EI, qui a déjà ciblé la Russie à plusieurs reprises, a affirmé sur l'un de ses comptes Telegram que ses combattants "ont attaqué un grand rassemblement [...] dans les environs de la capitale russe Moscou". L'organisation terroriste islamiste a affirmé que son commando avait ensuite "regagné sa base en toute sécurité".
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova avait dénoncé auparavant un "attentat terroriste sanglant" et un "crime monstrueux". L'Ukraine avait rapidement nié toute responsabilité, mettant même en cause les services secrets russes.
61 blessés dans un état grave
Selon le ministre russe de la santé Mikhaïl Mourachko, 115 personnes sont hospitalisées, dont cinq enfants. Soixante adultes et un mineur parmi ces blessés sont dans un état grave.
L'assaut, dont les médias russes ont commencé à faire état vers 20h15 à Moscou (16h30 en Suisse), a été mené par plusieurs individus armés au Crocus City Hall, une salle de concert située à Krasnogorsk, juste à la sortie nord-ouest de la capitale russe.
Des journalistes de l'AFP ont vu le bâtiment en proie à un vaste incendie, des volutes de fumée noire s'échappant du toit, ainsi qu'une très importante présence de la police et des services de secours. Selon la télévision russe, le toit du bâtiment s'est effondré en partie. Aucune information n'a été donnée quant au nombre de personnes potentiellement piégées à l'intérieur.
"Juste avant le début, nous avons tout d'un coup entendu plusieurs rafales de mitraillette et un terrible cri de femme. Puis beaucoup de cris", a raconté à l'AFP Alexeï, un producteur de musique qui se trouvait en loges au moment de l'attaque. Il a dit avoir vu "des mouvements de foule terribles" de spectateurs voulant s'échapper.
En tenue de camouflage
Selon un journaliste de l'agence de presse publique Ria Novosti, des individus en tenue de camouflage ont fait irruption durant un concert du groupe de rock russe Piknik. Les auteurs présumés de l'attaque ont utilisé "un liquide inflammable" pour mettre le feu à la salle de concert et les enquêteurs indiquent avoir saisi des "armes automatiques" lors de l'assaut.
"Les personnes qui se trouvaient dans la salle se sont allongées sur le sol pour se protéger des tirs, pendant 15 à 20 minutes, après quoi elles ont commencé à sortir en rampant. Beaucoup ont réussi à sortir", a indiqué le journaliste.
Les flammes se sont propagées à près de 13'000 m2 du bâtiment avant que l'incendie ne soit contenu, selon les services de secours, mais vers 01h00 du matin samedi le feu faisait encore rage, selon le ministère des situations d'urgence, qui utilisait des hélicoptères bombardiers d'eau pour lutter contre le sinistre.
Le président russe Vladimir Poutine est "constamment" informé et l'a été "dès les premières minutes" de l'attaque, a indiqué son porte-parole Dmitri Peskov.
"Actes odieux"
Les chaînes Telegram d'actualités Baza et Mash, réputées proches des forces de l'ordre, ont publié des vidéos montrant au moins deux hommes armés avançant dans le hall et d'autres sur lesquelles on peut voir des cadavres et des groupes de personnes se précipitant vers la sortie. D'autres images montrent des spectateurs se cachant derrière des sièges ou en train d'évacuer la salle de concert.
Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a annoncé l'annulation de tous les événements publics ce week-end. Les principaux musées et théâtres de la capitale ont annoncé leur fermeture. Des mesures de sécurité renforcées ont été mises en place selon la télévision russe, notamment dans les aéroports.
Le secrétaire général de l'ONU António Guterres "condamne dans les termes les plus forts l'attaque terroriste", a indiqué son porte-parole adjoint. La Maison-Blanche s'est dit "en pensées aux côtés des victimes de la terrible attaque".
L'ambassade américaine en Russie avait averti il y a deux semaines ses citoyens qu'elle "suivait de près des informations selon lesquelles des extrémistes ont des plans imminents de cibler de grands rassemblements à Moscou, y compris des concerts".
La Suisse s'est déclarée "horrifiée" par l'attaque et a exprimé ses plus sincères condoléances aux familles, a écrit le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) sur la plateforme X (ex-Twitter). Interrogé par Keystone-ATS, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a indiqué qu'il ne disposait actuellement d'aucune information quant à des ressortissants suisses touchés. La représentation suisse à Moscou est en contact avec les autorités compétentes sur place et des clarifications à ce sujet sont en cours, a-t-il précisé.
11 personnes arrêtées
Le Kremlin a quant à lui annoncé l'arrestation de onze personnes, dont les "quatre" assaillants. "Après avoir commis l'attentat terroriste, les criminels comptaient franchir la frontière russo-ukrainienne et avaient des contacts appropriés du côté ukrainien", a pour sa part indiqué le FSB, cité par l'agence TASS, des suspects ayant été arrêtés dans une région russe frontalière de l'Ukraine.
L'Ukraine a fermement nié tout lien avec l'attaque et affirmé que la Russie, dont elle combat l'offensive depuis deux ans, cherchait à lui faire porter le blâme.