Les journalistes romands de Tamedia en débrayage

Le personnel des titres romands de Tamedia ont débrayé pendant une heure jeudi à Genève et à Lausanne.

À Lausanne, les journalistes du 24 Heures ont débrayé pendant une heure jeudi en fin de matinée. L'enseigne de la Tribune de Genève a été brièvement modifiée. © KEYSTONE/Valentin Flauraud

Journalistes, syndicalistes et élus politiques, près de 180 personnes étaient réunies devant les locaux des titres en fin de matinée. Le personnel demande à la direction de pouvoir discuter de l'avenir du titre et appelle à une lutte collective pour défendre le biotope médiatique romand, son indépendance et sa qualité.

Pour Erwan Le Bec, représentant du personnel du 24 Heures, il s'agit "d'une destruction pure et simple des rédactions". "La première chose à faire serait de tout arrêter et de se mettre autour d'une table pour discuter", propose-t-il. Il ajoute que des questions ont été adressées à la direction de Tamedia, notamment pour savoir quels étaient "les projets précis" du groupe et combien de personnes seraient licenciées. Elles restent, pour l'instant, sans réponse.

Bouleversement "inédit"

Durant ce débrayage d'une heure, une banderole noire a été déployée sur la façade de la Tribune de Genève, avec l'inscription "Sans nous, qui parlera de vous ?", tandis que l'enseigne a aussi été brièvement modifiée en "Tribune de Zurich".

Les manifestants ont aussi brandi de nombreux panneaux, où l'on pouvait notamment lire "Tamedia condamne vos médias" ou encore "L'info romande saignée à blanc."

Des élus se sont aussi déplacés, à l'image de la conseillère d'Etat vaudoise Isabelle Moret. Dans son discours, elle a rappelé que le gouvernement vaudois avait rencontré la direction de Tamedia pour lui faire part de sa "très grande inquiétude pour l'avenir des médias en Suisse romande". La ministre de l'Économie a mis en garde face à "ce bouleversement inédit" pour la presse romande. "Nous voulons des médias qui puissent faire correctement leur travail", a-t-elle souligné.

La protestation des journalistes se manifeste aussi sur les manchettes des journaux.

"Plan de marginalisation"

Le Conseil d'État genevois a aussi eu l'occasion de rencontrer la directrice générale de Tamedia Jessica Peppel-Schulz. Celle-ci a notamment assuré que la Tribune de Genève continuera d'exister, tant sous format papier que digital, même si Tamedia a dit miser davantage sur la marque 24 heures pour sa croissance numérique.

Pas de quoi rassurer les rédactions romandes de Tamedia. Dans leur communiqué diffusé jeudi, elles parlent d'un "plan de marginalisation" de la Tribune de Genève, quotidien genevois qui a perdu environ un tiers de ses forces en dix ans.

À Lausanne, la préoccupation n'est pas moindre: "la stratégie annoncée de développement de 24 heures apparaît peu crédible vu les coupes envisagées." Les moyens du Matin Dimanche sont également "fortement menacés", poursuit le communiqué.

Ce débrayage intervient deux semaines après l'annonce de la restructuration du premier éditeur de Suisse, qui prévoit de supprimer 90 postes dans ses rédactions et 200 autres emplois en fermant ses imprimeries de Bussigny et Zurich. Les titres romands, comme la Tribune de Genève, 24 heures ou le Matin Dimanche, verront, selon leurs projections, un poste sur quatre, voire sur trois passer à la trappe.

ATS / Frapp
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