"Les littératures québécoises et suisses sont très proches"
Le festival Textures se déroule en ce moment à Fribourg. Interview de son directeur, Matthieu Corpataux.
La Télé: Matthieu Corpataux, vous êtes le directeur du festival littéraire Textures. La troisième édition a débuté ce mercredi et se tiendra jusqu'à dimanche dans différents endroits de la ville de Fribourg. Quand on voit le programme, est-ce que vous avez voulu mettre le paquet cette année?
Matthieu Corpataux: Il y a beaucoup de choses dans le programme. On a essayé d'en donner un peu pour tout le monde, pour les familles, pour les spécialistes, pour les curieux. Et puis, Textures s'impose manifestement comme un événement important de la scène culturelle, donc, il y a de plus en plus de place pour ce genre d'événements littéraires.
La littérature locale, bien évidemment, est mise à l'honneur. Mais cette année, il y a aussi le Québec. Pourquoi?
On a des auteurs et des autrices de Fribourg, de Suisse romande, de Suisse alémanique, du Tessin. Et puis, cette année, on a aussi une coloration québécoise dans le programme avec une particularité: on a choisi des auteurs et autrices qui étaient déjà sur le continent européen, pour éviter qu'ils prennent l'avion. Cette littérature québécoise a quelque chose à nous offrir d'assez exceptionnel. Elle est très riche, elle est multiforme, elle est très expérimentale. Et je crois vraiment que la Suisse, par sa position un peu marginale, a quelque chose de similaire avec le Québec.
Est-ce qu'elle est très différente de ce qu'on peut lire chez nous?
En tout cas, elle n'a pas peur de sa position marginale. Elle n'a pas peur d'essayer, d'oser, de faire des choses. Et c'est quelque chose que je reconnais dans la littérature suisse actuelle. Je pense qu'on a tout à gagner d'échanger nos pratiques, d'échanger des expériences. Je pense que l'un et l'autre en sortira grandi.
Vous avez lu des livres d'auteurs québécois?
Bien sûr. Ce qui est intéressant, c'est que dans cette littérature, il n'y a aucune crainte d'aller utiliser le vocabulaire, le lexique québécois. Et ça aussi, c'est un élément qu'on reconnaît de plus en plus dans la littérature suisse actuelle.
Il y a aussi l'écriture de stand-up qui sera mis en avant. L'année passée, c'était l'écriture du rap. Vous cherchez à sortir de vos frontières, aller dans des terrains moins connus?
Complètement, on a vraiment envie d'assumer et de revendiquer l'idée que les littératures prennent de multiples formes. Lors de la précédente édition, c'était l'écriture de rap et l'écriture de scénarios de films. Cette année, on a imaginé quelque chose autour du jeu de rôle et on a un événement sur le stand-up avec Philippe Battaglia ce jeudi soir au Nouveau Monde. Il y a encore toute une série d'ateliers d'écriture. On essaie d'explorer tous les territoires possibles de la littérature pour montrer qu'elle est vivante.
Est-ce que Textures a trouvé sa place dans le monde littéraire?
Textures commence à être reconnu comme un événement important du calendrier culturel à la fois à Fribourg, mais aussi, en fait, à l'échelle suisse. Si on regarde un petit peu les collaborations, les partenaires de cette année, on a autant l'Institut littéraire de Bienne que le festival Zurich Liest ou encore le Babel Bellinzona.
Pour terminer, Matthieu Corpataux, de quoi êtes-vous le plus fier quand on vous parle de Textures?
J'ai une équipe de 20 personnes salariées et de 50 bénévoles qui viennent donner un coup de main. C'est une équipe absolument extraordinaire, dont je suis particulièrement fier.