"La maladie m'a sauvé la vie"

Dans son livre "Résiliente", Patricia Multari raconte les épreuves auxquelles elle a fait face dans sa vie et comment elle s'en est sortie.

Le livre de Patricia Multari sortira mi-octobre et s'intitule "Résiliente". © RadioFr.

Depuis 2019, Patricia Multari a connu plusieurs drames. La Gruérienne a d'abord perdu subitement son mari des suites d'une crise cardiaque, sur le canapé familial. Elle a ensuite été diagnostiquée d'un cancer du sein, ce qui a entraîné son licenciement. Aujourd'hui, elle a remonté la pente et raconte son histoire dans un livre intitulé "Résiliente", qui sortira à la mi-octobre. Entretien.

Votre mari est décédé des suites d'une crise cardiaque à votre domicile, juste à côté de vous. Comment avez-vous réussi à remonter la pente après ce deuil ?

Patricia Multari: Avec lui, je savais qui j'étais. Une fois qu'il est parti, je ne savais plus. Mais petit à petit, j'ai essayé de sortir. Je cherchais à faire des activités, mais je ne savais plus non plus ce que j'aimais ou non. Puis, l'année suivante, on m'a détecté un cancer du sein. Cette nouvelle m'a fait prendre conscience que j'avais encore envie de vivre malgré son absence. Avant, j'étais seule sur mon balcon, et je pleurais en me demandant ce que je faisais là. Quand j'ai reçu le diagnostic, j'ai pleuré, car je voulais y rester. La maladie m'a permis d'arrêter d'errer. Au final, elle m'a sauvée la vie.

À partir de là, vous entamez un nouveau chapitre de votre vie, titré "CCC" dans votre livre, soit le "Cocktail Cancer-Covid". En effet, votre diagnostic étant tombé en août 2020, vous devez supporter plusieurs mois d'isolement et de traitements médicaux lourds, seule.

Tout à fait. J'aurais pu être entourée, mais le covid a fait que je n'ai pas eu le choix. J'ai dû me prendre en main toute seule. Ma maman m'accompagnait quand même pour les traitements. Mais la semaine qui suit la chimiothérapie est toujours très compliquée. On se sent diminuée heure après heure. Être seule dans ces instants est angoissant. Mais je n'avais pas le choix.

Pourtant, à ce moment-là, vous ne faites pas encore appel à des professionnels de la santé pour vous aider.

Non. J'ai un caractère où je veux toujours tout gérer seule. Je me suis dit que j'allais y arriver, j'en étais persuadée. Même si des moments étaient particulièrement difficiles. Vous vous demandez à quoi ça sert de se battre. Personne ne peut vous changer les idées, alors que durant le traitement, être accompagné vous évite d'être à l'affût du moindre bobo qui vous met en alerte.

La situation ne va pas s'arranger puisque vous allez perdre votre travail. Dans votre livre, vous reprenez l'image de deux valises pour illustrer votre ressenti. Pouvez-vous en dire davantage ?

J'étais chez le même employeur depuis dix ans. J'ai décidé de changer de travail pour repartir sur de nouvelles perspectives. J'ai donc été embauchée dans une nouvelle entreprise, mais celle-ci a résilié mon contrat quand elle a appris mon diagnostic. Contrairement à ce que j'espérais dans cette situation, mon premier employeur ne m'a pas tendu la main. Je me suis sentie délaissée, avec d'un côté ma valise "deuil", de l'autre ma valise "cancer".

Malgré tout, vous décidez de postuler ailleurs. Vous expliquez qu'il vous fallait travailler pour remonter la pente. Vous finissez par être engagée chez Morand Construction Métallique à Enney.

Absolument. C'était le début de la remontée. Avant ça, je n'avais plus de perspectives. Je ne savais plus pourquoi je me levais le matin. Mais le fait de me dire que je servais encore à quelque chose et que je pouvais montrer mon savoir-faire fut incroyable. Mes nouveaux collègues m'ont également entourée. Ils s'inquiétaient pour moi. C'était le début de ma renaissance.

Ecouter l'entretien complet:

RadioFr. - Isabelle Taylor / Adaptation web: Théo Charrière
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