Le FIFF se bat pour survivre sans l'aide de la Confédération

Pour Thierry Jobin, directeur artistique du Festival international du film de Fribourg, l'événement doit trouver davantage de soutiens privés.

Le FIFF doit combler un trou de 300'000 francs dans son budget d'ici à deux ans. © Keystone

Le Festival international du film de Fribourg a dévoilé la programmation de sa 39e édition ce mercredi. Les finances de l'événement sont menacées depuis que la Direction du Développement et de la Coopération (DDC) a décidé de retirer son soutien à une douzaine d'associations. Le directeur artistique du festival, Thierry Jobin, était l'invité de la semaine sur Radio Fribourg. 

Radio Fribourg: La Confédération va couper certaines aides financières pour plusieurs manifestations, dont le FIFF.  Environ 12% de son budget est touché. Est-ce que la survie du festival est menacée?

Thierry Jobin: En l'état des choses, oui. On sait qu'à partir de 2027-2029 au plus tard, il nous manquera 300'000 francs. Ce n'est pas rien. À un moment donné, on ne peut plus couper dans le nombre de films. On l'avait déjà fait il y a quelques années pour réduire à une centaine. Nous avons pris des mesures pour nous tourner vers des domaines encore peu explorés, comme le mécénat et les fondations. Nous n'avons pas envie de nous présenter comme une culture qui demande des subventions dès que ça ne va pas. Il faut agir autrement. Nous savons très bien que les fonds publics ne vont pas forcément s'améliorer, donc il faut trouver le moyen de continuer le festival.

La DDC va couper ses financements à douze associations, dont le Fond Vision Sud-Est, qui a permis de produire 200 films, dont certains ont gagné, comme l'année dernière, le Grand Prix à Cannes. Tout ça va disparaître. Pour moi, c'est une erreur historique.

Le Sri Lanka sera mis en lumière lors de cette 39e édition. Il y a un grand engouement de la part de la communauté sri-lankaise à Fribourg et en Romandie. Comment le percevez-vous?

Pour moi, c'est une surprise totale. Je ne l'ai jamais vécu auparavant avec cette section Nouveau Territoire. L'année dernière, avec la Macédoine du Nord, il y avait des gens qui étaient venus me voir en pleurant et en disant que pour une fois, on montrait leur culture. Quand nous avions fait l'Albanie et le Kosovo avec Gjon's Tears, c'était un peu la même chose.

Mais là, il y a un engouement, une envie de se faire comprendre. Parce que pour les gens, le Sri Lanka, ce sont les Tamoules, ce sont des faits divers. On ne connaît rien, quasiment, de leur culture, de leur cuisine, de leurs danses, que les gens pourront découvrir même avant le festival, puisqu'on va faire toutes sortes d'animations dans le Fribourg Centre.

L'année passée, le FIFF a lancé un concours de courts-métrages sur le thème de la musique. Les lauréats sont diffusés cette année. Que pourra découvrir le public dans cette catégorie?

Évidemment, il y a du fromage un peu partout. Même si le thème était la musique, on met quand même des fondues. Mais une chose m'a un peu étonné: il y a une autodérision dans cette région qui fait qu'on se moque de nous-mêmes. Peut-être qu'elle vient de Carnaval, puisqu'on était un peu dans cette période. Je pense qu'en voyant ces huit films, les gens vont y voir une espèce de légèreté à vivre dans cette région.

Retrouvez l'entretien complet de Thierry Jobin, directeur artistique du FIFF:

RadioFr. / Frapp - Léo Martinetti / Adaptation web: Simon Gumy
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