Israël tue un commandant du Fatah

Israël a intensifié ses attaques sur le Liban, tuant mercredi un chef militaire du mouvement palestinien Fatah. Cela pour la première fois depuis le début de la guerre à Gaza, où près de 30 Palestiniens ont péri sous les bombes israéliennes selon la Défense civile.

La campagne de bombardements aériens lancée par Israël après le 7 octobre, suivie d'une offensive terrestre à Gaza, a fait au moins 40'223 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas. En majorité des femmes et des mineurs selon l'ONU. © KEYSTONE/EPA/HAITHAM IMAD

Le Fatah du président Mahmoud Abbas a accusé Israël de vouloir avec "l'assassinat" de Khalil Al-Maqdah "embraser la région", à l'heure où le secrétaire d'Etat Antony Blinken a achevé une nouvelle tournée dans la région sans percée annoncée pour un accord de trêve dans la guerre à Gaza.

Quelques heures après son départ, le président américain Joe Biden a parlé avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu des efforts en vue d'un cessez-le-feu et pour "faire baisser les tensions dans la région", selon la Maison Blanche.

Déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre, la guerre a fait des dizaines de milliers de morts dans le territoire palestinien, où sont assiégés environ 2,4 millions d'habitants dans des conditions qualifiées de "désastreuses" par l'ONU.

Allié du Hamas, le Hezbollah au Liban a ouvert le 8 octobre un front contre Israël à la frontière des deux pays, théâtre depuis d'un engrenage de violences entre le mouvement pro-iranien et l'armée israélienne.

Accusé "d'agir pour le compte" de l'Iran

Ces dernières 24 heures, l'armée israélienne a mené plusieurs attaques dans le sud et l'est du Liban, tuant six personnes, selon les autorités libanaises, dont Khalil Al-Maqdah, un chef des brigades des martyrs d'Al-Aqsa, branche armée du Fatah, dans une attaque contre sa voiture à Saïda (sud).

Israël l'a accusé "d'agir pour le compte" de l'Iran, son ennemi juré, et d'implication dans des "attaques terroristes".

Le Hamas, un allié de l'Iran, et le Fatah sont des rivaux depuis des décennies: les islamistes ont pris le pouvoir à Gaza en 2007 et le Fatah est basé en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 en violation du droit international.

Roquettes

De son côté, le Hezbollah a tiré des roquettes sur le nord d'Israël, l'armée israélienne recensant une centaine de projectiles tirés sur ce secteur ainsi que sur le Golan syrien occupé par Israël.

"Nous sommes prêts à faire face à n'importe quel scénario, tant sur le plan défensif qu'offensif", a déclaré Netanyahu lors d'une visite dans une base du nord d'Israël.

9e tournée de Blinken

C'est dans ce contexte explosif, que M. Blinken a achevé sa neuvième tournée dans la région depuis le 7 octobre. Après des visites en Israël, en Egypte et au Qatar, il a averti que la dernière proposition de compromis américaine en vue d'une trêve à Gaza pourrait être celle de la "dernière chance".

Le diplomate, qui s'est rendu en Israël, en Egypte et au Qatar, a affirmé qu'Israël avait accepté ce plan dont les détails n'ont pas été rendus publics et a demandé au Hamas de faire de même.

"Nouvelles conditions" d'Israël

Le mouvement islamiste a lui accusé les Etats-Unis de s'être pliés à de "nouvelles conditions" d'Israël, incluant le maintien des troupes israéliennes à la frontière entre Gaza et l'Egypte.

Des médias israéliens ont affirmé que Netanyahu voulait conserver le contrôle de cette frontière, mais Antony Blinken a souligné l'opposition de son pays à une "occupation à long terme de Gaza par Israël".

Le Hamas exige l'application d'un plan annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden, qu'il avait accepté début juillet. Le plan prévoit d'abord une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d'otages, puis, dans une deuxième phase, un retrait total israélien du territoire assiégé.

Discussions au Caire?

De nouvelles discussions sont en principe attendues en Egypte cette semaine entre Israël et les médiateurs américain, qatari et égyptien.

Le Premier ministre israélien a maintes fois dit vouloir poursuivre la guerre jusqu'à la destruction du Hamas. Pour les Etats-Unis, un cessez-le-feu à Gaza pourrait aider à éviter un embrasement au Moyen-Orient, après des menaces de l'Iran et de ses alliés de riposter à l'assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh le 31 juillet à Téhéran.

Nouvelle école bombardée

La campagne de bombardements aériens lancée par Israël après le 7 octobre, suivie d'une offensive terrestre à Gaza, a fait au moins 40'223 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, qui ne détaille pas le nombre de civils et combattants tués. D'après l'ONU, la plupart des morts sont des femmes et des mineurs.

Mercredi, au moins 27 Gazaouis ont péri dans des bombardements israéliens, dont trois dans une frappe sur une école abritant des déplacés à Gaza-ville (nord), selon la Défense civile. L'armée a accusé le Hamas de cacher une base dans l'école.

Lazzarini: "Reste-il une once d'humanité?"

"Reste-il une once d'humanité (dans cette guerre)?" s'est interrogé sur X Philippe Lazzarini, chef de l'Unrwa, l'agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens.

Selon l'ONU, les multiples ordres d'évacuation israéliens poussent les habitants du territoire palestinien en proie à un désastre humanitaire "vers des zones surpeuplées et dangereuses".

"Où sont censés aller les gens? Ils (Israël) frappent partout. Il n'y a pas résistance ici, les bombes tombent sur la tête des gens", lance à Deir al-Balah (centre) Oum Mina Abou Mughassib, déplacée déjà cinq fois.

ATS
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