Kamala Harris réunit toujours plus lors de ses meetings

Tout comme son rival Donald Trump, Kamala Harris réussit à réunir de grandes foules. Un changement de paradigme favorable aux démocrates.

La Vice-Présidente a réuni 14'000 personnes à Philadelphie mardi. © KEYSTONE

Des foules denses et enthousiastes ont acclamé cette semaine la vice-présidente américaine Kamala Harris, à l'image de celles observées lors des déplacements de son rival républicain à la présidentielle de novembre, Donald Trump. Cette situation préfigure un changement de paradigme bienvenu pour le camp démocrate.

À Philadelphie mardi, ils étaient 14'000 spectateurs extatiques à attendre la vice-présidente. Le lendemain, à Eau Claire, petite ville du Wisconsin, une file interminable de voitures se rendant à un de ses rassemblements a fait le tour des réseaux sociaux.


Pour l'ancien président américain Donald Trump, ces images n'ont rien d'exceptionnel. Mais pour Kamala Harris, lancée dans une campagne-éclair pour la Maison-Blanche après le retrait de l'actuel chef d'État Joe Biden en juillet, cet enthousiasme illustre un changement.

"Tout le monde est vraiment emballé", témoigne Kina Johnson, 46 ans, employée du constructeur automobile Stellantis, présente mercredi comme des milliers de personnes dans le grand hangar d'un aérodrome de Detroit, dans le Michigan, pour voir Kamala Harris et son colistier Tim Walz.

Tim Walz estomaqué

La foule débordait même sur le tarmac. Ces rassemblements vont "se faire plus grands" et gagner en dynamique, ajoute-t-elle. Tim Walz a même semblé sonné par cette marée humaine. Il s'agit "du plus grand rassemblement de cette campagne", a-t-il déclaré, l'équipe de campagne estimant à 15'000 personnes le nombre de participants.

A moins de trois mois du scrutin, qui la verra affronter Donald Trump, Kamala Harris semble avoir rattrapé le retard de son camp et susciter un fort engouement sur le terrain. Le nombre de participants et l'enthousiasme rappellent l'ère Barack Obama et tranchent nettement avec les rassemblements tenus par Joe Biden cette année ou encore en 2020, pendant une campagne présidentielle enrayée par la pandémie de Covid-19.

M. Biden et Hillary Clinton, candidate démocrate à la présidentielle de 2016, n'ont jamais réussi à rivaliser avec les démonstrations de force de Donald Trump, dont les partisans campent parfois même sur site pour s'assurer une place au premier rang.

Déjà 10'000 personnes à Atlanta

Ce contraste est souvent raillé par le candidat républicain, qui assure que le soutien des foules se retrouve dans les urnes. Mais le vent tourne. Kamala Harris a rempli à la fin juillet un stade de 10'000 places à Atlanta, dans l'Etat-clé de Géorgie, avec deux vedettes du rap invitées sur scène.

Quelques jours plus tard, sur la même estrade et devant une foule similaire, Donald Trump a accusé sa rivale d'avoir fait face à "de nombreux sièges vides". "Je n'ai pas besoin d'artistes moi", a lancé le républicain, avant d'accuser la démocrate de payer ses supporters.

"Personne [d'autre que moi, ndlr] ne s'est jamais adressé à des foules plus grandes", a encore assuré jeudi Donald Trump, s'étendant longuement sur le sujet lors d'une conférence de presse. "Ils disent: 'Oh la foule était si grande' [pour Kamala Harris]. Mais j'ai eu des foules qui étaient dix fois, vingt fois, trente fois plus grandes", a-t-il encore dit.

L'avantage disparu

"Le fait que les réunions électorales de Trump aient attiré des foules bien plus importantes que celles pour Biden en 2020 ou pour Clinton en 2016 a été un sujet de fierté pour ses partisans", explique Barry Burden, professeur de sciences politiques à l'université du Wisconsin-Madison.

Cet avantage visible a d'ailleurs alimenté les fausses affirmations, selon lesquelles, l'élection de 2020 aurait été remportée par Donald Trump et non Joe Biden. Mais "maintenant que Mme Harris s'adresse à des foules rivalisant ou dépassant celles de M. Trump en nombre, cette raison de croire que Trump est le candidat le plus avantagé disparaît", poursuit M. Burden.

La candidate n'a pas non plus hésité à reprendre certains des codes du tempétueux milliardaire. Quand il était président, Donald Trump utilisait l'avion présidentiel Air Force One comme accessoire de campagne, débarquant du mythique avion sous les yeux émerveillés de ses partisans. Mercredi, la démocrate s'est rendue à sa réunion de campagne à Detroit à bord d'Air Force Two, l'avion de la vice-présidence.



Kamala Harris joue aussi sur la corde patriotique. Les chants "USA! USA!" qui accompagnent communément les apparitions de Donald Trump ont été entendus lors du rassemblement de la démocrate à Philadelphie. Saluant cet enthousiasme "bien réel", Robby Mook, ancien directeur de campagne d'Hillary Clinton, a prévenu jeudi sur MSNBC qu'il faudra toutefois "maintenir" cet élan: "Faire vibrer notre base ne suffira pas".

ATS
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