La proposition de cessez-le-feu entre les mains de Moscou

L'Ukraine dit oui à la proposition des États-Unis d'instaurer un cessez-le-feu immédiat de 30 jours. Tous les yeux sont tournés vers le Kremlin.

La délégation ukrainienne emmenée par Andriy Yermak (à g.) et le ministre des Affaires étrangères Andrii Sybiha (dr.) arrivant à Jeddah pour les pourparlers avec les Américains. © KEYSTONE/EPA/UKRAINE PRESIDENTIAL PRESS SERVICE HANDOUT HANDOUT

Interpellé de toutes parts, le Kremlin a déclaré mercredi matin qu’il attendait des précisions de Washington. "Nous avons des contacts prévus dans les jours à venir avec les Américains, et nous comptons là-dessus pour obtenir une information complète", a affirmé Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.

Un échange direct entre Donald Trump et Vladimir Poutine pourrait également avoir lieu "dans un délai assez court", selon Peskov. De son côté, le président américain a confirmé mardi qu’il "allait parler" à son homologue russe cette semaine.

Les alliés occidentaux de l’Ukraine ont appelé Moscou à se positionner. "À présent, la balle est dans le camp de Poutine", a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz sur X. Dès mardi soir, Ursula von der Leyen et Antonio Costa, les plus hauts responsables de l’Union européenne, ont salué l’accord et insisté sur l’importance d’une réponse rapide de Moscou.

La Chine, qui se présente comme une partie neutre dans le conflit, a quant à elle indiqué mercredi avoir "pris note" de la proposition américaine.

Un accueil mitigé en Ukraine

À Kiev, la proposition de trêve suscite des réactions partagées. "Compte tenu de la situation politique récente en Ukraine, je ne pense pas que cette trêve de 30 jours aidera à apporter la paix", a déclaré à l’AFP Oksana Evsukova, une enseignante.

D’autres, comme Roman Dunayevsky, sont sceptiques quant à la sincérité de la Russie. "L’idée est bonne, mais je pense que la Russie n’y consentira jamais. Elle a violé tous les accords", a-t-il estimé.

Près du front, à Kramatorsk, un officier ukrainien s’est montré encore plus pessimiste : "Ces ordures vont continuer à attaquer", a-t-il déclaré.

Reprise de l’aide militaire américaine

En parallèle des discussions, Washington a annoncé mardi la levée immédiate de la suspension de l’aide militaire à l’Ukraine. Cette aide avait été interrompue la semaine dernière, en même temps que le partage de renseignements, après une altercation le 28 février dans le Bureau ovale entre Donald Trump, son vice-président J.D. Vance et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Selon la Pologne, les livraisons via le centre logistique de Jasionka ont retrouvé leurs niveaux précédents. Varsovie rappelle que jusqu’à 95 % de l’aide occidentale transite par son territoire.

Un autre point de friction entre Washington et Kiev semble également en voie de résolution. Après avoir quitté les États-Unis sans signer un accord sur l’exploitation des minerais ukrainiens, Volodymyr Zelensky a finalement conclu un accord de principe mardi à Jeddah avec les Américains.

"Nous sommes prêts à tout faire pour parvenir à la paix", a déclaré Andriï Iermak, chef de l’administration présidentielle ukrainienne, en entrant dans la salle des négociations.

Poursuite des combats malgré les négociations

Dans la nuit de lundi à mardi, l’Ukraine a mené une attaque massive avec des centaines de drones visant Moscou et sa région, située à plus de 400 km de la frontière ukrainienne. Kiev espère que cette démonstration de force "incitera" Vladimir Poutine à accepter une trêve aérienne.

L’attaque a fait trois morts, selon les autorités russes, qui accusent Kiev de viser des infrastructures civiles et des immeubles d’habitation. Selon Moscou, 343 drones ont été abattus, dont certains dans la région frontalière de Koursk.

Par ailleurs, les combats se poursuivent sur plusieurs fronts. À Odessa, une frappe russe a fait quatre morts et endommagé un cargo battant pavillon de la Barbade, selon Kiev.

Mercredi matin, la Russie a annoncé avoir repris cinq villages près de Soudja, dans la région de Koursk, et fait état d’une attaque ukrainienne ayant causé quatre morts. Des médias d’État russes ont même affirmé que les troupes de Moscou étaient entrées dans la ville de Soudja, ce qui représenterait un nouveau revers pour Kiev. Cependant, cette information n’a pas été confirmée par les autorités russes.

Quelle suite pour les négociations?

L’Ukraine exhorte désormais les États-Unis à "convaincre" la Russie d’accepter le cessez-le-feu. Pour le conseiller américain à la sécurité nationale, Mike Walz, la question n’est plus de savoir "si" la guerre doit prendre fin, mais "comment".

Cependant, malgré les efforts diplomatiques en cours, les combats se poursuivent sur le terrain, rendant incertaine toute perspective de trêve immédiate.

ATS
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