La détente, clé des traitements aux psychédéliques?

La relaxation provoquée par les psychédéliques serait plus importante que l'effet "mystique" de ces drogues dans le traitement de la dépression.

Depuis 2014, un programme médical spécifique en Suisse autorise l’usage des substances psychédéliques pour traiter des maladies psychiques résistantes aux thérapies traditionnelles. © Envato

Et si le secret des thérapies psychédéliques ne se trouvait pas dans l'effet de "trip" de ces substances? Les effets bénéfiques du LSD et de la psilocybine contre la dépression sévère ne dépendraient pas d'"expériences mystiques", mais plutôt d’une profonde détente. Voilà ce que suggère une étude menée par des chercheurs de l'Université de Fribourg et publiée dans le "Journal of Psychopharmacology".

Depuis 2014, un programme médical spécifique en Suisse autorise l’usage des substances psychédéliques pour traiter des maladies psychiques résistantes aux thérapies traditionnelles. Dans l'étude menée par l'Université de Fribourg, l’équipe du professeur Gregor Hasler a comparé 28 patients atteints de dépression résistante à un groupe témoin en bonne santé. Résultat: les participants qui ont ressenti le plus de relaxation pendant les séances ont vu leurs symptômes diminuer davantage.

Cette étude donne ainsi de précieuses indications sur l'optimisation des thérapies psychédéliques, souligne l'Unifr dans un communiqué publié mercredi. Des techniques de relaxations ciblées, des exercices de respiration ou encore de la méditation par exemple pourraient être intégrés dans les thérapies. "Nos données montrent que la détente n’a pas pour seul effet d’améliorer le vécu pendant la séance: elle accroît aussi le bénéfice thérapeutique à long terme", explique le professeur Gregor Hasler.

Une thérapie sûre

L'équipe de Gregor Hasler s'est également penché sur la sécurité de ces thérapies. Et là aussi, les résultats sont encourageants: les malades qui souffraient des formes les plus sévères de dépression ont bien supporté le traitement, avec seulement des effets secondaires légers et passagers, comme des maux de tête ou de la fatigue.

La prise continue d'antidépresseurs pendant la thérapie n'a par ailleurs pas provoqué de risques pour les patients. "Ce constat rend le traitement nettement plus accessible, car l’arrêt des antidépresseurs constitue un obstacle élevé pour bon nombre de patientes et patients", précise Gregor Hasler.

Les résultats pourraient influencer grandement la future construction de ces approches thérapeutiques innovantes, conclut l'Université de Fribourg.

Frapp - Mattia Pillonel
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