La mort du pape: une émotion, mais aussi une incertitude

Jérôme Favre, rédacteur en chef à Écho Magazine, analyse les implications de la disparition du souverain pontife ce lundi de Pâques.

Jérôme Favre, ancien collaborateur à RadioFr, est rédacteur en chef de l'Echo Magazine depuis janvier 2023. © KEYSTONE/Jérôme Favre

Alors que le monde catholique est en deuil, Jérôme Favre, rédacteur en chef à Écho Magazine, décrypte les enjeux de cette disparition. Il revient sur la portée symbolique de la figure du pape François, les réformes engagées sous son pontificat, et les interrogations qui traversent aujourd’hui l'Église catholique.

Dans un premier temps, la disparition du pape François suscite une vive émotion chez de nombreux catholiques, explique Jérôme Favre. "Il y a une forme d’inquiétude aussi : qui sera le nouveau pape ? Quelle sera sa ligne, son message, sa manière de guider le peuple de Dieu ?", interroge-t-il.

Une figure majeure

Figure emblématique, le pape François représentait bien plus qu’un simple maillon de la hiérarchie ecclésiale. Comme le souligne Jérôme Favre, il portait "un message de paix, de défense de la vie, un regard tourné vers les plus pauvres et les plus faibles", ce qui lui conférait une aura largement positive. Contrairement à l’évêque, plus proche de ses fidèles et donc plus exposé aux critiques, le pape, par sa distance, incarne une autorité morale au-dessus des querelles locales.

Mais sa mort pourrait aussi marquer un tournant pour l’Église. "François avait mis en route un certain nombre de réformes : il a par exemple nommé des femmes à des postes à responsabilité, il a ouvert une certaine culture du dialogue." Un ensemble de mesures qui visaient à réduire l'appareil bureaucratique et à rendre l’Église plus vivante et plus saine.

Pour toute une génération de jeunes catholiques, François était le seul pape qu’ils aient connu. "Il a été élu en 2013, ça fait tout de même douze ans", rappelle Jérôme Favre. Une telle longévité a ancré sa présence dans les esprits, au point d’en faire une figure tutélaire, presque intemporelle – à l’image de la reine d’Angleterre.

L’incertitude pèse désormais. Le prochain pape poursuivra-t-il cet élan réformateur ? Ou reviendra-t-on à une Église plus centralisée, plus conservatrice, avec un renforcement du pouvoir des cardinaux ?

Une période de transition pour l'Église catholique

L’Église entre à présent dans une période de transition, marquée par l’organisation du conclave. "Ce qui va se passer maintenant, c’est qu’on va organiser un conclave, c’est-à-dire qu’on va réunir les cardinaux électeurs, ceux qui sont âgés de moins de 80 ans", explique Jérôme Favre. "On les enferme dans cette chapelle Sixtine. C’est la prière, les contacts entre eux, qui vont leur permettre de se laisser guider par l’Esprit Saint, qui leur montrera lequel d’entre eux est le plus à même de prendre cette charge sur ses épaules."

Un processus "plus ou moins démocratique", précise-t-il, puisqu’un collège électeur désignera le nouveau pape. Celui-ci pourra accepter ou non cette responsabilité, choisira alors un nom, apparaîtra au balcon de la basilique Saint-Pierre, et ouvrira ainsi un nouveau chapitre de l’histoire de l’Église.

Frapp - Yann Roulin
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