"La politique doit répondre au souci de prise en charge"

Philippe Demierre, conseiller d'Etat fribourgeois en charge de la santé, réagissait ce lundi aux résultats du scrutin sur l'HFR.

Philippe Demierre se félicite de l'acceptation du contre-projet, au détriment de l'initiative populaire H24, "inapplicable" selon lui. © Frapp

RadioFr: Hier, la population fribourgeoise a refusé à près de 63% l'initiative H24 pour des urgences hospitalières de proximité. Le gouvernement fribourgeois, notamment, y était opposé: c'est un "ouf" de soulagement pour vous?

Philippe Demierre: Oui, c'est un soulagement. Je tiens à remercier les citoyens et citoyennes du canton, qui ont compris les enjeux de santé futurs. L'initiative était complètement inapplicable au vu de la pénurie de personnel qu'on a dans le canton, en Suisse et même à l'étranger. 



Le "oui" à l'initiative s'élève tout de même à 37%. Quel message renvoie ce résultat?

Ça renvoie un message de prise de conscience de la part du politique, surtout d'apporter des solutions à l'avenir. La politique est là aussi pour répondre à ces personnes, qui ont un souci de prise en charge de leur santé. On a les outils en main pour répondre à ces questionnements. La réponse d'hier, en acceptant le contre-projet, permettra de donner des informations pour le futur de l'HFR.

La population de la partie alémanique ou sud de Fribourg se rendait plutôt dans les hôpitaux des cantons voisins, ça signifie des rentrées d'argent en moins pour l'HFR, qui a annoncé une perte de 36 millions de francs en 2023. L'HFR va-t-il encore plus sombrer dans les chiffres rouges?

Non pas du tout, l'HFR va mettre en place une série de mesures à l'interne pour gagner en efficience, sans toucher au personnel de l'hôpital. Un mandat a été donné à la société KPMG pour gagner en efficacité, notamment en termes financiers, ces prochaines années. On doit faire ce travail entre l'HFR et la Direction de la santé, aussi pour redonner confiance auprès de la population. Certaines interventions spécialisées ne peuvent pas être faites à Fribourg [...] mais on a des soignants d'excellente qualité dans le canton, avec des professeurs de renommée mondiale.

Le Conseil d'Etat demandait dernièrement des économies à l'HFR, 3 millions rien que pour cette année. Où trouver ces économies?

Le Conseil d'administration et la direction de l'HFR vont prendre ces mesures maintenant pour améliorer les choses à l'avenir. Dans le quotidien, dans le flux des patients, des mesures organisationnelles, peuvent être prises. C'est une prise de conscience de l'ensemble du personnel des soins. On va tendre vers ces mesures d'économie, sans être sûr qu'elles pourront être faites. 

Le contre-projet élaboré par le Canton passe la rampe à 69%. Le texte propose 7 mesures pour une offre sur tout le territoire du canton. Est-ce que le Canton a les reins suffisamment solides pour mettre en place tout ça?

Le contre-projet représente 7,3 millions de coûts annuels. Un total qui est dans les budgets du Conseil d'Etat en prévision des votations qui ont eu lieu hier. Financièrement, on va pouvoir réaliser les mesures prévues dans le contre-projet.

Dans un contexte de pénurie de personnel, où trouver ces personnes qui vont devoir intervenir dans les centres de santé prévus par le contre-projet? 

On a un système de formation complémentaire qui va s'accentuer via le contre-projet. On engage du personnel. On axe vraiment sur la formation et surtout l'attrait de la profession, avec des conditions de travail très bonnes. 

La population a aussi accepté hier le décret de 175 millions de francs pour l'HFR, dont 105 millions pour des investissements à court terme. En quoi c'est nécessaire?

L'HFR a besoin de rénovations de structures, par exemple le chauffage, ou encore le système informatique. Plusieurs choses doivent être faites immédiatement pour tenir avec l'hôpital existant, jusqu'à l'ouverture du futur hôpital, à l'horizon 2033-2034.

Ecouter l'interview complet:

RadioFr. - Lauriane Schott / Adaptation web: Alexia Nichele
...