"On crée une relation de confiance avec le cheval"
Marie Mayerat est maréchale-ferrante depuis 10 ans. Elle sillonne les campagnes fribourgeoises et vaudoises pour le confort des chevaux.

L'air est vif en ce lundi matin. Mais Marie Mayerat s'active trop pour avoir froid. Son client du jour, c'est "Gunner", un cheval plus tout jeune dont elle observe attentivement la démarche. Une petite boîterie, des tensions, un peu d'arthrose, rien n'échappe à l'oeil de lynx de la maréchale-ferrante. Après 4 ans de formation et 10 ans de pratique, elle "sent" quand un animal a des problèmes. Et elle a les moyens de le soulager. En lui mettant des fers, elle protège les sabots du cheval, mais peut aussi corriger ses éventuels défauts de conformation. Et elle lui apporte du confort.
Ce métier ou rien
Tout en ôtant les anciens fers et en nettoyant minutieusement les sabots de "Gunner", la trentenaire évoque sa passion pour cet animal. "Personne dans ma famille n'évoluait dans ce monde. Mais j'ai eu la chance de pouvoir en faire". Et, par la même occasion, de trouver sa voie. Maréchal-ferrant, c'est ça qu'elle veut faire et rien d'autre! Elle décroche un apprentissage, obtient son diplôme et dans la foulée crée son entreprise. Qui tient tout entière dans son van : à l'arrière on y trouve notamment un four à gaz, une enclume, un marteau de forge et des fers à cheval de toute taille.
"Gunner" ne bronche pas. Marie a paré ses sabots - ôter la corne inutile en la coupant et en la limant - et pris les mesures sur chacun de ses pieds. Elle a aussi chauffé les fers à plusieurs centaines de degrés. Avec ses pinces, elle saisit les pièces rougeoyantes et tape le métal pour lui donner la forme parfaitement adaptée à l'anatomie de l'équidé. Pour fixer les fers, elle les percera ensuite de petits trous et les clouera aux sabots de "Gunner", avec précaution bien sûr pour ne pas blesser l'animal. Elle terminera son travail en coupant les pointes des clous et en limant ce qui dépasse.
On fait de belles expériences humaines et on crée une relation de confiance avec le cheval
Avec environ 3 à 4 ferrages quotidiens à 230 francs et 1 h 30 à 2h de travail par animal, la Vaudoise, maman d'une fillette de 4 ans, s'en sort financièrement. Elle ne roule pas sur l'or, mais elle exerce une activité indépendante qu'elle adore. "Alors oui, on se déplace beaucoup, souligne l'Yverdonnoise, mais on fait de belles expériences humaines et on crée une relation de confiance avec le cheval".
Dernier coup d'oeil d'experte à la démarche de "Gunner". Pas de souci, mission accomplie.