Le prix du cacao quadruple, les artisans s'ajustent

Une hausse de prix de 10% des produits chocolatiers est prévus cette année. Les artisans locaux veulent limiter l'explosion du prix d'achat.

Les citoyens suisses, premiers consommateurs mondiaux, ont englouti environ 11 kg de produits chocolatiers par habitant en 2023, selon Chocosuisse. © KEYSTONE

Les artisans et industries du chocolat prévoient une hausse de 10% du prix du chocolat à l'achat pour l'année 2025. De quoi décevoir les citoyens suisses, premiers consommateurs mondiaux, qui ont englouti chacun près de 11 kg de produits chocolatiers en 2023, selon Chocosuisse.

Cette augmentation est causée par la flambée du prix de la fève de cacao. Celui-ci est passé d'environ 6-8 francs (juin 2023) à 10-12 francs le kilo (aujourd'hui) pour Notes de fève à Matran, rapporte Laurent Curty, gérant de la chocolaterie. "Les producteurs de cacao ont eu des mauvaises récoltes en 2023. D'une part, à cause des intempéries arrivées au mauvais moment, les cacaoyers ont développé des maladies fongiques. De l'autre, la fertilité des terres baisse au fur et à mesure des années en raison de la monoculture", explique-t-il. 

En outre, les industries commandent le cacao à l'avance (sur la plantation ou chez les distributeurs suisses) et spéculent sur les quantités qui seront récoltées. Or, en 2024, près de 25% en moins de cacao ont été ramassés. Comme la demande est restée forte, le prix de la tonne a pris l'ascenseur. "Nous achetons chez notre producteur pour 1 à 2 tonne de cacao par année. Avec cela, on produit 1000 kg de chocolat noir et 1500 kg de chocolat au lait. Les deux versions contiennent à peu près 50 à 85% de cacao, ce qui explique la montée du prix du chocolat", détaille Laurent Curty. 

Freiner la hausse du prix d'achat

Du côté de la chocolaterie de Matran, le gérant a décidé de limiter l'augmentation du prix d'achat en diminuant la marge. "Nous avons fait le choix de ne pas changer le prix à l'achat et de réduire nos marges. Nous gagnerons moins sur un chocolat de qualité identique", explique-t-il. 

Pour la boulangerie Saudan, qui a déboursé entre 10 et 15'000 francs supplémentaires pour son chocolat de glaçage cette année, l'équation est plus complexe. "Nous aimerions limiter nos coûts sur les méthodes de production. Comme l'équipe souhaite travailler avec du chocolat de couverture de qualité supérieure, nous sommes obligés d'adapter nos prix de vente", admet Gérald Saudan. 

Selon les artisans régionaux, le prix du kilo de cacao devrait encore augmenter plusieurs fois durant le courant de l'année.

Frapp - Yann Girard
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