Baisse des poissons: pas la faute des cormorans

Les oiseaux ne sont pas à l'origine de la baisse de poissons dans le lac de Neuchâtel, selon le Conseil d'Etat fribourgeois.

Près d'un millier de couples de cormorans ont été recensés en 2020, principalement sur la rive sud du lac de Neuchâtel. © KEYSTONE - LAURENT DARBELLAY

La cause du recul des palées et des bondelles n'est pas identifiée scientifiquement. Mais s'il s'agirait d'une conjonction de plusieurs facteurs, comme un manque de nutriments dans le lac ou le réchauffement de l'eau. Les cormorans ne sont en tout cas pas le facteur principal, affirme le Conseil d'Etat fribourgeois dans sa réponse à une question de deux députés UDC.

Le gouvernement se base sur les connaissances scientifiques disponibles, ainsi que sur des constats tirés par le canton: par exemple, la population de cormorans a fortement cru entre 2003 et 2018 sur la rive sud du lac. Pourtant, les captures des palées et des bondelles ont elles aussi sensiblement augmenté jusqu'à 2016. La subite chute du nombre de ces poissons en 2017 et 2018 semble donc difficilement due aux cormorans.

De plus, durant la période de reproduction, il se trouve que les cormorans ne nourrissent pas leur petits par ce type de poissons, ou extrêmement peu (1%). Enfin si les cormorans étaient la principale cause de la diminution des palées et bondelles, les autres poissons mangés par les cormorans devraient logiquement aussi être en baisse, or ce n'est pas le cas. Les captures de perches sont par exemple en hausse depuis 10 ans.

Moins de cormorans depuis trois ans

Selon l'Association de la Grande Cariçaie, ils étaient près d'un millier de couples, principalement sur la rive sud, l'an dernier, soit une baisse d'à peu près 20% par rapport à 2018. Un chiffre qui semble se stabiliser. En hiver, les effectifs se réduisent de moitié environ, sans compter les migrateurs qui font une halte.

Entre septembre 2019 et février 2020, les gardes-faune ont tiré environ 90 cormorans, suite à la forte baisse du nombre de palées et de bondelles constatée dans le lac de Neuchâtel. Aujourd'hui ce sont les pêcheurs professionnels eux-mêmes, munis d'un permis (soit quatre sur sept) qui peuvent tirer les cormorans, surtout pour effrayer les oiseaux et à les éloigner des filets.

Une étude est actuellement menée afin d'estimer les dommages causés par les cormorans aux filets des pêcheurs ainsi qu'aux poissons déjà pris dans les filets. Le rapport est attendu pour février prochain.

RadioFr. - Frédérique Antonin
...