Les urgences privées menacées de fermeture à Fribourg

Des permanences sont menacées suite à une décision de justice donnant raison aux assurances qui refusent de rembourser les taxes d'urgence.

Si ces permanences privées fermaient, ce serait un scénario cauchemardesque pour les urgences de l'HFR. © La Télé

La prise en charge des urgences médicales est en danger dans le canton de Fribourg. Plusieurs structures privées qui accueillent les cas d'urgences sont menacées de fermeture suite à une décision de justice rendue en juin dernier et passée jusqu'ici relativement inaperçue.

Dans deux arrêts du Tribunal Fédéral, la justice donne raison aux assureurs-maladie qui contestaient le remboursement de la "taxe pour visite pressante" facturée par les permanences médicales, a révélé le journal le Temps jeudi dernier. Cette taxe s'élève à une quarantaine de francs par cas.

Fermer les urgences?

Dans le canton de Fribourg, plusieurs structures sont en difficulté financière à cause de ce changement. Parmi elles, la Clinique Edelweiss à Fribourg et Bulle Santé. "L'arrêt de la facturation de cette taxe a signifié une baisse de 10% des rentrées du centre médical", déplore Carole Matzinger, la directrice de Bulle Santé. Une perte qui remet en question la capacité de la structure à poursuivre son accueil d'urgence, regrette-t-elle.

Du côté de la Clinique Edelweiss, la situation n'est pas meilleure. Le Dr Romain Martinez, directeur et fondateur, tire la sonnette d'alarme: "s'il n'y a pas un signal fort disant qu'il faut garder ces permanences, on va fermer l'accueil d'urgence et ne garder que ce qui nous est rentable." La clinique, qui accueille 13'000 urgences par an, désobéit aux assurances et continue de facturer ces taxes, mais les assureurs lui ont réclamé des montants rétroactifs.

Un cauchemar

Si ces permanences fermaient, ce serait un scénario cauchemardesque pour les urgences de l'HFR qui seraient rapidement surchargées. Face à cette situation, les responsables plaident pour une réaction du canton. Carole Matzinger demande "une défense de cette couverture de médecine de premiers recours sur la région".

Philippe Demierre, le conseiller d'État en charge de la santé, admet être aussi préoccupé par cette situation. Mais la marge de manœuvre du canton est limitée. Il assure tout de même vouloir instaurer un dialogue entre les assureurs et les médecins.

À l'échelle nationale, les ministres cantonaux de la Santé, qui se sont réunis jeudi dernier, pourraient prendre une position commune. L'idée serait de peser dans les négociations des nouveaux tarifs Tardoc, prévus pour 2026, afin que les consultations d'urgence soient mieux rémunérées et davantage remboursées par les assureurs.

RadioFr. - Maëlle Robert / Adaptation web: Mattia Pillonel
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