Un millésime 2022 "riche en saveurs"
Plus "charpenté", taux d'alcool un peu plus élevé: les vignerons fribourgeois se confient sur leur production.
Cet été, bon nombre de cultures ont pâti d'un manque d'eau ou d'une exposition trop violente. La vigne, elle, semble avoir tiré son épingle du jeu.
Alors oui le raisin est arrivé à maturation plus tôt et les vendanges ont quasiment un mois d'avance, mais les vignerons semblent satisfaits de ce futur millésime 2022.
Moins de maladies fongiques
Dans le Vully, en plein coeur du village de Môtier, Stéphane Simonet passe ses journées dans les vignes. Le chef de culture du vignoble oeuvre dans le domaine familial de la Cave du Petit Château qui s'étend sur une quinzaine d'hectares entre Mur et Sugiez.
La canicule de cet été nous a facilité la vie
"On est à présent dans une période un peu plus calme, juste avant les vendanges", explique le viticulteur, confiant. "La canicule de cet été nous a facilité la vie, on a par exemple pu éviter de nombreux traitements pour les maladies fongiques, notamment le mildiou, qui se développe avec l'humidité et qui était très présent l'année passée."
Des feuilles et des filets
Même écho sur la rive sud du lac de Neuchâtel, du côté de Cheyres. Mattéo Murphy préside l'association des vignerons brocards (AVB), plus communément appelée La cave de Cheyres . Il reconnait que les fortes chaleurs ont également été bénéfiques. "La vigne est une plante résistante, qui aime le chaud", rappelle le spécialiste. "Cette année, par exemple, l'herbe séchait toute seule, et comme il n'y avait pas de pluie, elle ne se régénérait pas, donc on n'a pas dû la tondre."
Il a fallu toutefois développer quelques stratégies pour parer aux grandes chaleurs. Certains vignerons de la coopérative présidée par Mattéo Murphy ont développé des systèmes d'irrigation particuliers pour préserver "les petits nouveaux", ces jeunes plants de vignes qui n'ont pas encore de système racinaire très profond.
De nombreux vignerons ont également laissé pousser davantage les feuilles et taillé la vigne plus haut. "Avec cette technique, si les feuilles du bas sèchent, celles du dessus peuvent continuer la photosynthèse et assurer ainsi la bonne maturité du raisin", précise Mattéo Murphy.
Le vigneron mentionne également la présence d'un nombre important de guêpes, bien supérieur aux autres années, qui attaquaient les fruits en train de mûrir, entre fin juillet et début août. Les vignerons s'en sont protégés en installant des filets.
L'effet du soleil sur le raisin
Au domaine du Petit Château, Stéphane Simonet prédit cette année, "des vins plus charpentés et plus lourds". "On va se baser sur l'expérience de 2003 et de 2018, où on a également eu de grosses chaleurs. Celles-ci ont induit un peu trop de sucre sur certains cépages, on va bien les surveiller cette année", conclut-il. Mattéo Murphy annonce, quant à lui, un millésime 2022 "très solaire" et "des vins très riches", avec des taux d'alcool "un peu plus élevés".
Dans l'attente des vendanges, qui pourraient commencer autour du 10 septembre, au lieu de la mi-octobre, les vignerons se réjouissent des ventes records de la saison.