L'extrême droite a-t-elle pignon sur rue à Fribourg?

Des graffitis d'extrême droite sont visibles depuis des mois en ville. Le phénomène semble être en hausse. Des associations s'en inquiètent.

Ce graffiti a été peint à Marly. © RadioFr.

Ce sont des symboles qui choquent: des croix gammées, des croix celtiques, des insultes contre les migrants ou contre la communauté LGBTQIA+. Tous les quartiers de Fribourg sont concernés, le Bourg, Bourguillon ou le secteur de la gare. Certains de ces symboles ont aussi été observés à Marly. 

Un exemple est frappant, celui d'une croix celtique. Ce symbole d’extrême droite a été peint en blanc sur un mur brun qui se trouve devant le bâtiment de la poste, juste côté de la gare il y a quelques mois.

En France surtout, le mot FAF désigne un militant d'extrême droite.
En France surtout, FAF désigne un miltant d'extrême droite. L'acronyme est aussi employé comme synonyme de fasciste.

Ce graffiti est resté des semaines visible aux yeux de tous. Il a été récemment recouvert par d’autres dessins de la gauche radicale cette fois-ci.

Risque de banalisation

Camille Spühler est membre du comité d'une association de défense de la communauté LGBTQIA+ à Fribourg, l'association LAGO. Elle voit un lien entre la hausse de la présence de l'extrême droite dans l'espace public et les récentes actions de la gauche radicale, faisant notamment référence aux manifestations pour la Palestine. 

Elle dénonce une pratique du deux poids deux mesures de la part de la police dans ce dossier. "La police lance un appel à témoin pour des tags qui disent "Free Palestine" et ils sont ensuite rapidement effacés. Par contre, les croix celtiques ou les tags homophobes restent visibles des mois et il n'y a aucune réponse. C'est assez facile de voir que l'extrême droite peut faire ce qu'elle veut et que c'est le contre-discours qui est condamné." 

Info-racisme recense ces graffitis d'extrême-droite. Kétia Queen, responsable d'info-racisme Fribourg, appelle toutes les personnes qui voient ces dessins à les prendre en photo et à les envoyer à son organisation.

Kétia Queen l'affirme: il y a toujours eu des symboles de la sorte. Mais aujourd'hui, ils sont peut-être plus visibles. Pourquoi? Difficile de donner une seule explication. Les facteurs explicatifs sont multiples. Kétia Queen voit une part de l'explication dans la force politique de l'extrême droite en Europe. 

Cette visibilité est inquiétante. "Les symboles utilisés peuvent alimenter la haine, inciter à la violence ou affaiblir la cohésion sociale. Cela va à l'encontre des valeurs démocratiques de la Suisse et de l'Etat de Fribourg."

Que disent les autorités? 

La police fribourgeoise dit être au courant de la présence de ces tags d’extrême droite en ville de Fribourg. Elle ne procède pas à un recensement de ces graffitis en dehors des dépôts de plainte. Elle dit aussi surveiller ce genre de phénomène, mais pour la police, rien n’indique qu’il y a une hausse de la présence de l'extrême droite dans l'espace public.

Nous aurions aussi voulu avoir le point de vue de la ville de Fribourg. Nous l'avons contactée à plusieurs reprises, mais nous n'avons jamais eu de réponse. 

La question semble prendre des proportions politiques. Deux députés du Grand Conseil ont déposé une motion en octobre dernier. Elle demande au gouvernement d'interdire et de sanctionner toute utilisation de symboles nazis dans l'espace public. Cette motion a été déposée en lien avec un drapeau nazi exposé lors d'une bourse militaire en janvier dernier à Forum Fribourg

Que risquent les auteurs de ces graffitis? 

Les personnes qui ont peint ces tags risquent une condamnation pour discrimination et incitation à la haine. Elles peuvent aussi être attaquées pour dommage à la propriété si une plainte est déposée. 

Le Ministère public fribourgeois indique n’avoir aucune procédure en cours en lien avec ces faits, mais nous a dit examiner la situation avec la police.

RadioFr. - Vincent Dousse
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