L'IA au service des médecins: opportunité ou risque?
Un médecin s'est récemment penché sur l'utilisation de l'IA dans le monde de la santé et les risques qui en ressortent. Interview.
L'intelligence artificielle fait son entrée dans le monde médical. Promesse d'une révolution? Pas pour le Dr Dorian Garin, médecin assistant en cardiologie à l'Hôpital fribourgeois (HFR). Il a récemment publié un article proposant des lignes directrices pour tirer le meilleur parti de cette technologie tout en restant vigilant. Un travail qui lui a valu le "Prix de la Revue Médicale Suisse".
L'IA générative, comme ChatGPT, pourrait par exemple considérablement alléger la charge administrative des médecins. Comptes rendus, notes, dossiers et ordonnances peuvent être rédigés plus rapidement, libérant du temps pour les soins aux patients.
Mais c'est là que vient le premier problème: la question des données personnelles. "Chat GPT appartient à OpenAI, une société en Californie, et tout ce qu'on va lui donner va partir là-bas," explique-t-il. "Ce n'est pas une bonne idée d'y mettre des données de patients. C'est même contre la loi sur la protection des données en Suisse."
Le médecin souligne l'importance de garder ces données médicales au sein du pays. "En tant que soignants, c'est notre responsabilité." Il note cependant que ce problème pourrait être résolu par l'émergence d'entreprises suisses qui fournissent des services d'intelligence artificielle.
Des consultations par l'IA
Si les données peuvent rester sur le territoire national, plutôt que de partir améliorer les algorithmes d'une entreprise étrangère, une autre question se pose: l'IA pourrait-elle un jour remplacer le médecin pour une consultation? Là encore, le docteur Garin relativise.
Oui, elle peut aider au diagnostic dans certains cas, mais elle ne peut pas remplacer l'approche globale du médecin envers le patient. "Durant notre formation et dans notre quotidien en tant que professionnel de santé, on a appris une manière de réfléchir. On récolte des informations en parlant, en touchant, en voyant le patient", souligne le médecin assistant en cardiologie.
Ce contact humain ne peut pas être remplacé, estime-t-il. Dans le cas où les consultations seraient menées par l'IA, un médecin devra être là pour assister et contrôler. Le risque, par contre, est que le médecin perde petit à petit ces capacités, ces méthodes qu'il a apprises et qu'il exerce au quotidien.