Lionel Voinçon: "Je regrette ce qui est arrivé aux Brandons"

L'élu payernois mène sa campagne pour la syndicature, alors que son implication dans les tags racistes a fait polémique. Interview.

Lionel Voinçon, élu à la Municipalité en février dernier, a fait parler de lui pour son implication dans les Barbouilleurs des Brandons de Payerne. © Radio Fribourg

Radio Fribourg: Vous êtes municipal PLR à Payerne depuis le début du mois et candidat à la syndicature de la ville. Récemment, vous avez fait parler de vous en participant aux "barbouillages" des Brandons, tradition qui consiste à taguer les vitrines des commerces. Cette année, certains tags ont été jugés racistes, antisémites et islamophobes. Regrettez-vous ces actes?

Lionel Voinçon: Oui, je regrette ce qui s’est passé, tant à titre personnel que collectif. Les conséquences sur certaines personnes ont été regrettables et ce n'était absolument pas notre intention de blesser qui que ce soit. Cette tradition est supervisée par un comité, mais je suis conscient que, en tant qu’élu, j’ai un devoir d'explication et de responsabilité accrus. Nous adressons nos excuses aux personnes qui se sont senties blessées.



Cela signifie que vous ne le referiez pas?

Non, je ne referai pas les choses de cette manière. Cette affaire montre qu'il est nécessaire de faire évoluer nos traditions. Les Brandons sont un moment d’impertinence et de satire populaire, mais la ville a changé. Il faut en tenir compte et adapter les pratiques à la réalité actuelle, plus diversifiée.

Comment envisagez-vous cette évolution? Par un encadrement plus strict ou plus d’autorégulation?

Il faut d'abord réfléchir collectivement aux solutions. L’autorégulation pourrait jouer un rôle important, par exemple avec une charte fixant un cadre clair pour cette tradition transgressive. Par ailleurs, des questions comme l’antisémitisme doivent être traitées séparément. 

Comment avez-vous personnellement vécu cette période de polémique?

C’était une période exigeante. Il a fallu prendre du recul, écouter, expliquer et assumer mes responsabilités. Le soutien de mes proches et du public m’a aidé. Cette affaire a mis en lumière un manque de prise en compte de certaines sensibilités, et nous devons en tirer des conséquences concrètes.

Avez-vous reçu des retours, positifs comme négatifs?

Les deux. Étant élu, il est normal d'être critiqué, surtout dans de telles circonstances. Mais j’ai aussi reçu de nombreux soutiens, ce qui m’a encouragé à continuer.

Avez-vous envisagé de démissionner?

Oui, la question s'est posée. Il était essentiel de réfléchir à ma légitimité, mais cela a finalement renforcé ma détermination.

Votre campagne pour la syndicature est en cours. Cette affaire a-t-elle eu un impact sur votre candidature?  

Elle a attiré l’attention, parfois de manière négative. Cependant, les Payernois savent faire la part des choses et placer les intérêts de leur ville au centre du débat.



Pensez-vous que les habitants vous pardonneront?

Je ne peux pas répondre à leur place. Nous verrons le verdict des urnes le 13 avril.

Vous êtes jeune, 31 ans. A-t-on remis en cause votre expérience pour ce poste?

Ce n’est pas une critique explicite, mais c'est un élément de réflexion. L'expérience ne se résume pas à l'âge. J'ai déjà une solide expérience politique, notamment au niveau fédéral et communal. Mon engagement pour Payerne depuis mes 16 ans me donne une connaissance approfondie de la ville.

Si vous êtes élu, quel serait votre principal objectif pour Payerne?

Il est essentiel que la ville avance concrètement. La redynamisation passe par le développement économique: Payerne ne doit pas devenir un simple "dortoir", mais un lieu de vie et d'activité. Il faut faire avancer les projets qui font déjà consensus.

Ecoutez l'interview: 

RadioFr. - Vincent Dousse / an
...