Martin Pfister, un colonel en charge de la Défense
Le centriste zougois a obtenu mercredi 134 voix au 2e tour, créant la sensation face au conseiller national st-gallois Markus Ritter.
L'élection semblait encore très ouverte à quelques minutes du scrutin. Toutefois, Martin Pfister a raté la marche au premier tour d'une seule voix, provoquant dans la salle du Conseil national une première surprise.
A l'annonce des résultats, le Zougois a été bruyamment ovationné et salué par une explosion de joie du côté de ses proches en haut de la tribune, pendant que les visages étaient graves du côté de l'UDC, qui soutenait majoritairement Markus Ritter. Ce dernier a obtenu 110 voix.
Colonel à l'armée, le successeur de Viola Amherd sera très certainement appelé à reprendre un Département de la défense (DDPS) en crise après de multiples affaires et controverses. Dernière "surprise" en date, le chef de l'armée et le patron du Service de renseignement ont annoncé leur départ, dans un contexte géostratégique mondial troublé.
Lors de la conférence de presse après son élection, M. Pfister a mentionné son "envie de conduire le Département de la défense" et s'est dit conscient qu'il devra "fixer des priorités très vite" s'il reprend ce département. Le Conseil fédéral décidera vendredi de leur répartition. M. Pfister a confié qu'il comptait rester "au moins deux mandats, donc sept ans" au gouvernement.
Neutralité flexible
Le centriste a répété que les relations avec l'UE sont importantes pour lui. Il va faire en sorte que le paquet d'accords avec Bruxelles, "d'une importance centrale", trouve des majorités afin de pouvoir être accepté par le peuple.
Quant à la neutralité, elle constitue la base de la politique extérieure suisse. Mais elle requiert de la flexibilité. Il s'agit désormais de savoir comment ce concept est utilisé dans la pratique, a détaillé M. Pfister.
Il estime aussi qu'il faut plus d'argent pour l'armée, qui a déjà bénéficié d'un budget supplémentaire dans un contexte de mesures d'économies. Interrogé sur le financement, il a estimé que de nouvelles recettes seraient peut-être nécessaires.
Hors du sérail parlementaire
Martin Pfister a étudié l'histoire à l'Université de Fribourg. Il a siégé au législatif cantonal de Zoug. Depuis 2016, il dirige le département de la santé en tant que conseiller d’Etat et a également présidé le gouvernement cantonal en 2021 et 2022.
L'élection de Martin Pfister le prouve une nouvelle fois: le chemin du Conseil fédéral ne passe pas toujours par le Parlement. Dernier en date, Beat Jans, avait toutefois déjà siégé au National auparavant.
Adieux émouvants
Dans son discours d'adieu aux Chambres fédérales, la conseillère fédérale sortante Viola Amherd, particulièrement émue, a loué le système politique et la culture politique de la Suisse. "En ces temps mouvementés, c'est plus important que jamais."