"Il faut faire un effort sur l'image des métiers techniques"

Pour attirer les élèves, la Haute école d'ingénierie et d'architecture adapte sa formation. Entretien avec son directeur adjoint, Marc-Adrien Schnetzer.

Marc-Adrien Schnetzer est directeur adjoint à la HEIA. © Frapp/HEIA

La Haute école d'ingénierie et d'architecture (HEIA) de Fribourg accueille cette année 270 nouveaux élèves. C'est un chiffre qui est en légère baisse. Est-ce que ça vous inquiète?

C'est toujours inquiétant pour un service public. On sait qu'on a une pénurie d'ingénieurs et d'architectes, donc ce serait dommage de se contenter d'avoir un chiffre inférieur à nos capacités. On doit maintenir nos actions de promotion.

Il y a notamment les métiers techniques qui attirent de moins en moins d'étudiants. Comment l'expliquez-vous?

On voit un intérêt croissant pour l'ingénierie des données en informatique. On a un peu moins de mécaniciens. On pense que c'est l'image du métier: on est en phase de transition énergétique, on parle aussi de réchauffement climatique. Les métiers techniques ne sont peut-être plus aussi attrayants. Il faut faire un effort sur l'image des métiers. Et peut-être que les métiers qui sont représentés dans les têtes des jeunes ne sont pas forcément ceux qui représentent la réalité du terrain, en particulier dans les métiers techniques.

La durabilité, c'est une thématique que vous abordez avec les étudiants?

C'est aussi une demande qui vient des jeunes. Ça a commencé en filière d'architecture, puis nous avons développé ça. Nous avons souhaité que l'ensemble des diplômés d'architecture et surtout des ingénieurs disposent d'une compétence, pas seulement de compétence de base, mais aussi en lien avec leur métier. Depuis l'année passée, on organise deux journées consacrées à la durabilité en début de cursus. Ces journées sont complétées par une formation qui a lieu à distance, qui peut se faire de manière autonome. Il y a également une série de conférences auxquelles ces jeunes participent. L'étape suivante, c'est d'intégrer ceci dans le cadre des cours qui arrivent en deuxième et troisième année pour avoir une réelle cohérence entre les connaissances de base, les objectifs de développement durable et les conséquences sur le métier de l'ingénieur.

Il est aussi question de mieux valoriser le CFC, qui est obtenu avant. Est-ce que ça signifie qu'actuellement, on ne valorise pas cette voie d'études pour entrer ensuite à la haute école d'ingénieurs?

Il faut préciser que pour entrer en HES, il faut l'apprentissage, mais également la maturité professionnelle. Et ce qu'on constate, c'est qu'il n'y a pas forcément beaucoup de jeunes qui, après l'apprentissage ou pendant l'apprentissage, s'inscrivent à la maturité professionnelle. Je dirais que c'est là qu'il y a un effort à faire: c'est d'encourager ces jeunes à poursuivre avec une maturité pro pour poursuivre des études. Bien sûr, il y a aussi toute une série d'entreprises qui ont besoin des jeunes avec apprentissage, il n'y a pas que des personnes qui vont poursuivre des études. Et puis les gymnasiens aussi qui, peut-être, ont tendance à se tourner vers des écoles, universités, polytechniques. Là se trouve peut-être une explication à donner sur la différence entre les études HES et EPF. Du côté des HES, on est plus professionnalisant, plus concret, plus pratique et souvent c'est une approche qui convient mieux à certains jeunes.

Vous travaillez sur l'attractivité de la formation, mais est-ce que les débouchés devraient être aussi plus attractifs?

C'est un travail de chaîne, on a l'entrée dans le métier, mais on doit aussi travailler avec les entreprises. Et elles doivent aussi nous proposer, d'ailleurs c'est ce qu'elles font, elles nous proposent des projets attrayants, qui donnent envie, qui ont justement un impact sociétal positif pour rentrer dans ce qui intéresse les jeunes. On travaille aussi sur l'interdisciplinarité, ça intéresse beaucoup les jeunes, de mettre en relation par exemple l'électronique, l'IT, avec la construction, le bâtiment, les questions énergétiques, il y a également des projets qui seraient un peu plus, peut-être moins tournés autour des entreprises, mais qui vont dans le sens des objectifs de développement durable. Il faut parler en termes de projets et de perspectives avec les entreprises régionales.

Ecoutez l'interview complet:

RadioFr. - Lauriane Schott
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