Mityukov prêt à se lancer dans le bain
Double médaillé mondial sur 200 m dos, Roman Mityukov vise un premier podium olympique à Paris. Même si, fidèle à ses (bonnes) habitudes, il se garde bien de le crier sur les toits.
No 5 de la saison parmi les nageurs en lice à La Défense Arena sur sa distance de prédilection, le Genevois se doit forcément d'être prudent. N'empêche que son chrono de référence (1'55''40), qui lui avait permis de se parer d'argent aux Mondiaux de Doha en février, a été établi sans affûtage ni rasage.
"Doha était simplement un passage vers les JO, mon objectif principal", rappelle Roman Mityukov, qui s'est confié à la presse mercredi dernier, la barbe bien fournie. "J'en ai bientôt fini avec cette barbe! J'ai hâte de me raser", lâche-t-il, précisant qu'il se rasera une première fois ce samedi.
"En étant rasé, on a de bien meilleures sensations dans l'eau, de meilleures sensations de glisse. Et on gagne quelques centièmes", précise le Genevois, qui sera bien un tout autre homme qu'à Doha ou à Belgrade, où il avait conquis une deuxième médaille de bronze européenne à la mi-juin en 1'55''75.
"Plus d'enjeu, plus d'envie aussi"
"Il y a plus d'enjeu à Paris, plus d'envie aussi. Mais je me suis entraîné très dur dans l'optique de cette semaine de compétition olympique. Je suis tellement excité et motivé", poursuit Roman Mityukov. "Il faudra nager bien plus vite ici, et j'espère que ce sera le cas", souffle-t-il.
Les trois meilleurs performeurs de la saison (Ryan Murphy, Hugo Gonzalez et Jackson Keaton Jones) sont ainsi tous passés sous les 1'55 en 2024. Roman Mityukov n'a pour sa part jamais fait mieux que 1'55''34, un chrono qui lui avait permis de conquérir le bronze aux Mondiaux de Fukuoka l'été dernier.
Mais contrairement à ses adversaires, notamment les Américains, Roman Mityukov n'a pas dû sortir le grand jeu pour décrocher son ticket pour Paris lors de sélections nationales. Il a eu tout loisir de monter en puissance, de s'entraîner sereinement, et n'avait même pas véritablement préparé les Mondiaux et les Européens.
"Je me sens de mieux en mieux physiquement, on relâche de plus en plus dans l'eau. On arrive dans le +money time+, ce sont les meilleurs entraînements. Je suis bien plus affûté. On a réduit le volume depuis 2-3 semaines, donc je serai aussi plus frais qu'à Belgrade ou à Doha", souligne le Genevois.
"C'est la dernière compétition d'un cycle. Je n'aurai jamais été aussi frais durant cette saison, ni même durant tout ce cycle olympique", précise Roman Mityukov, qui a "hâte que cela commence." Et qui sait parfaitement qu'il devra "exploser" son record de Suisse pour jouer les médailles sur 200 m dos.
Le 100 m pour prendre ses marques
Sa première course est programmée dimanche matin, avec les séries du 100 m dos. "Je me suis bien amélioré sur 100 m dos, même si je ne peux pas viser aussi haut que sur 200 m. Cela sera intéressant de voir ce que cela donne", explique le Genevois, qui profitera de ce 100 m pour prendre ses marques dans l'immense arène parisienne.
Son premier grand rendez-vous est agendé au mercredi 31 juillet - soit au lendemain de son 24e anniversaire - avec les séries et les demi-finales du 200 m dos. Il espère pouvoir passer ses deux obstacles en mode gestion. "Mais n'oublions pas que ce sont des Jeux olympiques", nuance-t-il.
"Il ne faudra pas s'endormir"
"Tout le monde sera à 100%, il ne faudra pas trop jouer. En séries, cela devrait être assez simple. Mais les demi-finales seront déjà une vraie bataille. Il faudra nager bien plus vite qu'aux derniers Mondiaux pour passer en finale", assure Roman Mityukov, qui avait réalisé 1'56''72 en demi-finale à Doha en février.
"Il ne faudra pas s'endormir. Mais ce serait bien de pouvoir également nager de manière stratégique en demi-finale, en en gardant sous le pied. Mais si ce n'est pas possible, je nagerai à fond dès les demi-finales", lâche-t-il.
"Je sais que ce sera difficile. Mais je me suis entraîné toute la saison pour cela", conclut le Genevois, qui fera tout pour être présent en finale le 1er août à 20h37. Afin de conclure sur un feu d'artifice un cycle olympique lors duquel il a déjà amassé quatre médailles dans des grands Championnats en grand bassin.