Nouvelle série de sanctions contre la Russie

La Russie a annoncé samedi élargir son offensive contre l'Ukraine malgré un tollé international grandissant. Les Occidentaux ont répliqué en annonçant un durcissement des sanctions et de nouvelles livraisons d'armes à Kiev, notamment par l'Allemagne.

L'UE veut "paralyser" les actifs de la banque centrale russe, selon la présidente de la Commisssion européenne Ursula von der Leyen. © KEYSTONE/AP/Olivier Hoslet

Dans l'immédiat, "la nuit va de nouveau être difficile. Les soldats [russes] essaient toujours d'entrer dans Kiev", a écrit samedi soir sur son compte Telegram le maire de la capitale ukrainienne, Vitaly Klitschko, après que la Russie a annoncé renforcer son attaque. "Toutes les unités ont reçu l'ordre d'élargir l'offensive dans toutes les directions", a déclaré le ministère russe de la défense.

La violence de l'intervention russe a décidé samedi les Occidentaux à adopter un nouveau train de sanctions, visant notamment à exclure de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale, a annoncé le gouvernement allemand, qui préside actuellement le forum du G7.

"Paralyser" la banque centrale russe

Les partenaires occidentaux ont en outre décidé de restreindre encore davantage l'accès de la banque centrale russe aux marchés des capitaux et de "paralyser les actifs de la banque centrale russe" afin d'empêcher Moscou d'y recourir pour financer le conflit en Ukraine, selon les mots de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

L'Allemagne a également annoncé samedi la fourniture à Kiev d'un millier de lance-roquettes antichars et de 500 missiles sol-air, rompant avec sa politique traditionnelle de refus d'exporter des armes létales en zones de conflit.

La Russie est désormais un "paria économique et financier mondial", a déclaré un responsable américain. La banque centrale russe "ne peut pas soutenir le rouble", qui est en "chute libre". "Seul Poutine peut décider du coût supplémentaire qu'il est prêt à supporter", a ajouté le responsable, assurant qu'un groupe de travail "traquera" les "yachts, jets, voitures de luxe et maisons de luxe" des oligarques russes.

Au troisième jour de l'intervention lancée par le président russe Vladimir Poutine, des combats avaient lieu samedi, outre dans la capitale, dans nombre de villes ukrainiennes. Au moins 198 civils, dont trois enfants, ont été tués et 1115 personnes blessées depuis jeudi, selon le ministre ukrainien de la santé, Viktor Liachko.

"Notre armée contrôle Kiev et les villes clés autour de la capitale", a assuré le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Facebook, affirmant avoir "cassé le plan" de Moscou. Il a appelé la population à prendre les armes et juré de rester à Kiev.

Des "signes" d'une résistance viable

A Moscou, le porte-parole du ministère russe de la défense a réaffirmé que l'armée russe ne menait pas de frappes sur des zones résidentielles. Des reporters de l'AFP ont cependant vu plusieurs habitations touchées par des tirs à travers le pays.

De son côté, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s'est directement adressé samedi sur Twitter "au peuple russe", en russe. "Vous ne méritez pas une guerre vaine avec vos voisins, vos amis et familles en Ukraine", a-t-il notamment écrit.

Washington a annoncé samedi l'envoi d'une nouvelle aide militaire à l'Ukraine, d'un montant de 350 millions de dollars, alors qu'un haut responsable du Pentagone disait à l'AFP voir "des signes d'une résistance ukrainienne viable". "Nous pensons que les Russes sont de plus en plus frustrés par leur perte d'élan au cours des dernières 24 heures, notamment dans le nord de l'Ukraine", a-t-il ajouté.

Les Pays-Bas ont annoncé livrer 200 missiles antiaériens Stinger, la République tchèque a dit envoyer des armes pour une valeur de 7,6 millions d'euros et la Belgique a indiqué fournir à Kiev 2000 mitrailleuses et 3800 tonnes de carburant. Paris livrera de nouveaux équipements de défense aux autorités ukrainiennes.

"Isoler totalement" Moscou

"La guerre est revenue en Europe" et elle "durera", avait averti le président français Emmanuel Macron samedi matin à Paris.

Le président ukrainien s'est également entretenu samedi avec le secrétaire général de l'ONU António Guterres et lui a demandé de priver la Russie, "pays agresseur", de son droit de vote au Conseil de sécurité.

Avec le premier ministre britannique Boris Johnson, il a souligné lors d'un appel téléphonique samedi "la nécessité d'isoler totalement la Russie diplomatiquement et financièrement", a annoncé Downing Street.

Côté diplomatie encore, le président français Emmanuel Macron, qui s'est entretenu avec son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko, a demandé que le Bélarus "exige au plus vite le retrait des troupes russes de son sol".

ATS
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