Panne informatique mondiale: le jour d'après
La situation revient progressivement à la normale samedi. Une panne informatique géante a semé la pagaille vendredi dans les aéroports, sur les marchés financiers et même mis des travailleurs au chômage technique.
En cause: une mise à jour défectueuse, sur les systèmes d'exploitation Windows de Microsoft, d'une solution informatique du groupe américain de cybersécurité CrowdStrike, qui écarte une cyberattaque ou un problème de sécurité informatique.
"Je tiens à m'excuser personnellement auprès de toutes les organisations, de tous les groupes et de toutes les personnes qui ont été touchés" par cette panne, a déclaré George Kurtz, PDG de CrowdStrike, sur la chaîne américaine CNBC.
Ce bug, en cours de correction, n'a pas affecté les utilisateurs des systèmes Mac et Linux.
De son côté, Microsoft a fait état d'un "problème" provoquant un écran bleu. "Nous recommandons aux clients de suivre les conseils fournis par CrowdStrike pour remédier à cette situation", a ajouté le géant américain de l'informatique.
"L'ampleur de cette panne est sans précédent et entrera sans aucun doute dans l'Histoire", souligne Junade Ali, expert en cybersécurité.
Elle "a un impact direct sur les ordinateurs des utilisateurs en bout de chaîne et pourrait exiger une intervention manuelle pour être résolue, ce qui représente un défi important pour les équipes informatiques à l'échelle mondiale".
De nombreux aéroports asiatiques ont fait état à partir de vendredi soir heure locale d'une activité "normale" ou "quasi-normale", notamment en Corée du Sud, à Singapour, en Nouvelle-Zélande, à Hong Kong ou encore aux Philippines.
Quelques "problèmes résiduels" causant du retard persistent cependant à Sydney et "cinq vols" opérés par la compagnie low-cost Jetstar au Japon seront perturbés samedi.
Panne "énorme"
Le bug de mise à jour s'est déclenché jeudi vers 19H00 GMT, selon une publication de Microsoft.
"C'est une des rares fois où on trouve un logiciel de sécurité à l'origine d'une panne aussi énorme", commente Kayssar Daher, autre expert en cybersécurité interrogé par l'AFP.
L'ampleur du phénomène s'explique par le fait que "Windows est extrêmement répandu et CrowdStrike aussi", ajoute-t-il.
Après avoir perturbé un temps les opérations informatiques des Jeux olympiques de Paris 2024, dont le système d'accréditation mais pas la billetterie, les activités "ont repris normalement" vendredi après-midi, selon les organisateurs.
"Le système informatique de Paris 2024 a priori ne s'est pas effondré, donc s'il y a quelques dysfonctionnements ici ou là, c'est un moindre mal", a estimé un cadre du mouvement sportif français auprès de l'AFP.
Selon le patron de Tesla, Elon Musk, la panne a "provoqué un arrêt cardiaque dans la chaîne d'approvisionnement de l'industrie automobile".
De nombreux aéroports et compagnies aériennes ont rapporté des problèmes vendredi. Les passagers s'arment de patience, notamment dans l'hémisphère Nord où de nombreux vacanciers partent ou rentrent.
"On galère pour trouver un autre vol ou un train, l'autre option est de dormir à l'aéroport", a expliqué vendredi à Roissy, le principal aéroport de Paris, Anja Müller, étudiante de 22 ans qui habite en Allemagne et a passé une semaine en France.
Si le gestionnaire des aéroports parisiens ADP a assuré que la panne épargnait ses systèmes informatiques, le groupe a reconnu des perturbations à Roissy et Orly, qui sont les deux principaux points d'entrée pour les délégations étrangères des JO.
Aux Etats-Unis, les services d'urgence dans au moins trois Etats ont été touchés et 2400 vols ont été annulés dans la journée de vendredi, un nombre qui pourrait encore augmenter.
"Selon nos informations les vols ont repris à travers le pays mais certaines congestions persistent", a souligné un responsable gouvernemental auprès de la presse.
Si plusieurs compagnies américaines (American Airlines, United, Delta...) ont repris leurs activités, leurs homologues mexicaines semblaient toujours affectées par la panne.
"Nous attendons depuis 03H00 du matin", a témoigné Juan Pablo Olvera, coincé à l'aéroport de Mexico. "Comme le système est en panne, les codes QR ne fonctionnaient pas", a-t-il constaté, alors que de longues files d'attente et des retards de vols ont été signalés.
Les aéroports de Guadalajara, dans l'ouest du Mexique, et de Monterrey, au nord, ont demandé aux passagers d'arriver avec plusieurs heures d'avance.
CrowdStrike chute en Bourse
Plusieurs hôpitaux aux Pays-Bas ont également été touchés, entraînant la fermeture d'un service d'urgences et le report d'opérations.
Le plus important opérateur ferroviaire britannique Govia Thameslink Railway a, lui, évoqué de "potentielles annulations de dernière minute", les compagnies ne pouvant accéder à certains systèmes concernant les conducteurs.
"D'autres systèmes-clés, notamment nos plateformes d'information des clients en temps réel, sont également affectés", poursuit le message, incitant les passagers à se renseigner avant leur trajet.
Les Bourses mondiales reculaient, inquiètes de cette panne qui a également empêché les indices de Londres et Milan d'afficher leur taux de variation pendant une bonne partie de la journée.
A la Bourse de New York, CrowdStrike a terminé en baisse de 11,10% et Microsoft de 0,74%.
CrowdStrike s'appuie beaucoup sur l'intelligence artificielle (IA) et l'apprentissage automatique (machine learning) et propose notamment une plateforme de protection numérique nommée Falcon.