Paris et Berlin visent Shein et Temu

Six pays de l'Union européenne, dont la France et l'Allemagne, demandent à Bruxelles de serrer la vis contre les sites de commerce en ligne Temu et Shein soupçonnés de vendre des produits parfois dangereux pour les consommateurs.

Le document mentionne spécifiquement Temu et Shein. Outre la France, il est soutenu par l'Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Pologne. (KEYSTONE/Christian Beutler) © KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER

Dans un document, consulté par l'AFP, l'Allemagne a demandé à la Commission européenne de "prendre toutes les mesures nécessaires" pour "appliquer rigoureusement" la nouvelle législation de l'UE sur les services numériques (DSA), évoquant des risques de préjudices pour les consommateurs et de concurrence déloyale. Le document mentionne spécifiquement Temu et Shein. Outre la France, il est soutenu par l'Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Pologne.

"Chaque jour, des centaines de milliers de colis arrivent chez nous, surtout en provenance de Chine, avec des marchandises qui ne respectent pas les règles du marché européen", a déclaré le secrétaire d'État allemand à l'Economie, Sven Giegold, avant une réunion jeudi avec ses homologues à Bruxelles.

La mode à petits prix inquiète

Shein, application fondée en Chine en 2012, considéré comme un emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix. Temu, application qui connaît une progression fulgurante en Europe grâce à une stratégie de prix cassés, née en 2015. Toutes les deux doivent des informations. 

Fin juin, la Commission avait réclamé des informations à Temu et Shein afin de vérifier leur conformité aux règles européennes en matière de protection des consommateurs. Bruxelles a en particulier questionné ces plateformes d'origine chinoise sur les mesures qu'elles mettent en œuvre afin de permettre le signalement de produits illégaux.

D'autres demandes concernent les interfaces trompeuses ("dark pattern") qui permettent de manipuler le comportement des utilisateurs, la protection des mineurs, la transparence des systèmes de recommandations de produits, ou encore la traçabilité des vendeurs sur ces plateformes. Ces différents points font l'objet d'obligations ou d'interdictions dans le cadre du DSA entré pleinement en vigueur le 17 février. Les deux entreprises ont affirmé leur volonté de coopérer avec les autorités.

Vers une possible enquête

Les demandes d'information sont une première étape qui peut conduire à l'ouverture d'une enquête formelle, et à terme à de lourdes sanctions financières en cas d'infractions avérées à la réglementation.

Bruxelles avait ajouté, respectivement fin avril et fin mai, Shein et Temu à la liste des géants du numérique supervisés directement par la Commission et soumis à des contrôles renforcés sous le DSA. Cette liste inclut 24 grandes plateformes, dont Amazon, AliExpress, Google Shopping, Facebook, X ou Instagram.

ATS
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