Pas de contrôle d'alcoolémie pour les chasseurs fribourgeois
Les députés fribourgeois ne veulent pas dans leur majorité légiférer sur la consommation d'alcool lors des parties de chasse.

Les députés fribourgeois ont refusé vendredi une motion demandant d'instaurer une limite de consommation d'alcool pour la pratique de la chasse, comme à Neuchâtel et Zurich. Le taux d'alcoolémie aurait été fixé à 0,5 pour mille. La mesure était soutenue par le Conseil d'Etat.
La motion a été rejetée par 61 voix contre 31 et 5 abstentions. Intitulée "Qui va à la chasse avec un verre de trop perd sa place", elle émanait du député PS Grégoire Kubski et aurait mis en place des sanctions "appropriées" et une norme relative à l’usage de stupéfiants et de certains médicaments ayant un effet similaire.
Ces aspects auraient pu s'intégrer dans la révision de la loi sur la chasse et la protection des mammifères, des oiseaux sauvages et de leurs biotopes (LCha), prévue cette année. La motion s'inspirait du modèle des cantons de Neuchâtel et de Zurich, en se basant aussi sur la littérature scientifique en matière de maniement des armes.
Clichés avant tout
"Il y a en moyenne 297 accidents liés à la chasse par an en Suisse, dont 3 sont mortels, depuis 2000", a indiqué Grégoire Kubski. A ses yeux, la loi fédérale sur la circulation routière (LCR) ne suffit pas, en raison du covoiturage. L'argumentaire du motionnaire n'a toutefois pas séduit la majorité de droite du Grand Conseil.
Selon l'UDC, il n'y a pas lieu de légiférer pour chaque action du quotidien, a dit le député Eric Barras. Son collègue de parti Bernard Bapst, lui-même chasseur, a regretté une motion "discriminatoire, basé sur des stéréotypes". "Pourquoi la chasse et pas l'utilisation des armes en général", s'est-il interrogé.
Le Centre a rejeté également le texte dans sa majorité. "La chasse a évolué", a relevé son député François Genoud pour motiver le choix. Même constat pour le groupe PLR-PVL, pour qui la motion est "inutile", a indiqué sa présidente Antoinette de Weck.
Autre tonalité à gauche, avec un soutien unanime. La députée PS Marie Levrat a pointé les risques et non les chasseurs. L'élu vert Laurent Bronchi a insisté lui sur la nécessité "d'officialiser les bons comportements" d'un milieu qu'il a lui-même pu constater.
Soutien gouvernemental
Le Conseil d’Etat, par la voix du ministre de l'agriculture et des forêts Didier Castella, a partagé l’avis de l’auteur de la motion. "La pratique de la chasse, qui nécessite l’utilisation d’armes à feu puissantes, est incompatible avec la consommation excessive ou inadaptée d’alcool", a noté le gouvernement dans sa réponse.
"Indépendamment de la diminution du risque pour les tiers, le bien-être des animaux est aussi à considérer dans la problématique dans le sens où une consommation excessive d’alcool affecte la précision de tir et augmente la probabilité de blessure et de souffrance inutile de l’animal visé", a souligné l'exécutif.
Le Conseil d’Etat a rappelé encore que, selon son appréciation, "la grande majorité des chasseurs adoptent un comportement responsable et s’abstiennent de consommer de l’alcool durant l’exercice de la chasse". Il était néanmoins d’avis qu’il est "juste de fixer une limite de consommation pour une activité utilisant des armes à feu".