"Ce qui m'inquiète, c'est les raisons du référendum"

Le 9 juin, Bulle votera le crédit de 19,8 millions francs pour la rénovation du Musée gruérien. Interview de son directeur Serge Rossier.

Serge Rossier est le directeur du Musée gruérien depuis août 2021. © La Télé

La Télé: Quand est-ce que vous avez commencé à vous sentir à l'étroit?

Serge Rossier: Rapidement. La ville s'est agrandie et connaît une explosion démographique très importante. Nous avons de plus en plus de classes et de public qui viennent ici. Ce bâtiment a essayé de s'adapter en 2002 aux premiers impacts démographiques, mais en l'occurrence, aujourd'hui, c'est une nécessité, car la technique a près de 50 ans.

Le Musée a connu une augmentation de la fréquentation, mais également de son personnel. Est-ce aussi compliqué pour les employés?

Oui, c'est très compliqué. En 1978, trois emplois à temps plein étaient prévus dans ce bâtiment. Aujourd'hui, nous avons vingt-et-une personnes à la semaine pour 14,5 emplois à temps plein. On est tellement à l'étroit dans ce bâtiment que nous louons des surfaces extérieures. L'équipe est, par ailleurs, divisée en deux. Nous avons un service public et c'est compliqué de l'assumer sans avoir le personnel sur place.

Énergétiquement, le bâtiment devient vétuste. Quels sont les problèmes?

Il s'agit d'un gouffre énergétique. Nous consommons l'équivalent de 4'500 à 5'000 litres de mazout par mois. Notre système de ventilation est, lui aussi, complètement obsolète, car nous refroidissons mécaniquement la totalité du lieu. Dans ce contexte, 75 % de l'énergie que nous consommons est gaspillée.

Qu'est-ce qui changera si le projet est accepté?

Le grand avantage de ce projet est qu'il ne développe pas le musée sous-terrain, mais il s'appuie sur ce qui est déjà enterré. La surface sous-terrain est beaucoup plus grande que la partie émergée de la bibliothèque et des bureaux. L'objectif de ce projet est donc de donner en surface l'amplitude présente en sous-terrain. On va faire émerger la surface enterrée sous la forme d'une structure en bois qui prendra de l'espace au rez-de-chaussée et, avec ceci, doubler sa superficie.

Le projet ne fait pas que des heureux. L'UDC a d'ailleurs lancé un référendum contre le projet et celui-ci a récolté 1'800 signatures. Cela vous fait-il peur?

Je dirais que le référendum est un droit démocratique assumé dans ce pays. Cependant, ce qui m'inquiète, ce sont les raisons pour lesquelles il a été lancé, car elles ne prennent pas en compte la réalité de la situation de la ville et du Musée. Aujourd'hui, nous avons des besoins nécessaires pour mettre ce bâtiment à jour et lui donner véritablement sa place au cœur de la ville. Ces mêmes personnes sont très sensibles à l'animation en centre-ville. Ce bâtiment, si on doit y intégrer six à huit places de travail supplémentaires, on devra le réduire en surface et réduire les activités en interne. Dans une ville qui se développe, le référendum aboutirait à une diminution de l'offre dans le seul grand centre culturel de Bulle.

Le principal argument du référendum se base sur le budget de 20 millions de francs nécessaires à la réalisation du projet, prévu déficitaire par la Ville. Y a-t-il eu des discussions afin de réduire ces coûts?

On est au bout d'un processus qui a commencé par un concours et qui s'est développé par des études lors desquelles on s'est rendu compte de l'obsolescence de la quasi-totalité des infrastructures. Évidemment qu'entre le lancement du projet et son aboutissement, il y a eu une adaptation. Il s'agit d'un processus naturel. On arrive à ce jour à cette somme importante de 19,8 millions. Elle a été prévue par la Ville au plan des investissements et la commune de Bulle l'assume, tout comme elle assumera le développement du projet du stade.

Une exposition présentant le projet est ouverte jusqu'au 9 juin prochain, date des votations.

La Télé - Cloé Pichonnat / Adaptation web: Théo
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