Une équipe filme les derniers moments d'Electroverre
Une équipe de tournage a été envoyée pour immortaliser les derniers moments d'activité de l'usine Electroverre, avant sa fermeture.
Une équipe de tournage a été dépêchée cette semaine à Romont pour filmer et photographier les derniers instants d'activité de l'usine Electroverre, une société qui fabrique du verre pour lames de microscope depuis la fin des années 30. L'objectif est de sauvegarder le patrimoine. Un bout d'histoire qui a son importance.
"Electroverre est l'une des seules usines au monde à produire encore du verre étiré selon le procédé Fourcault", explique ainsi Stefan Trümpler, historien de l'art et ancien directeur du Vitrocentre à Romont, à l'origine de cette initiative. Il s'agit donc d'un savoir-faire précieux. Pour faire simple, le verre en fusion passe par plusieurs rouleaux montés à la verticale et refroidit ainsi, petit à petit.
Véritable course contre la montre
La société, qui compte aujourd'hui une soixantaine d'employés, avait annoncé mi-avril sa fermeture d'ici la fin de l'année. Mais ces derniers jours, tout s'est précipité. "On a appris que l'un des fours a déjà été arrêté et que le deuxième allait être débranché début mai. Il a alors fallu faire vite, pour tout organiser. C'était une course contre la montre", raconte Stefan Trümpler.
Des vidéastes, une photographe et une ingénieure du son ont donc immortalisé cette semaine les derniers moments de production de verre dans cette usine et les employés: ceux qui réceptionnent les matériaux, ceux qui remplissent le silo, ceux qui contrôlent la température, la production, l'étirage du verre, ou ceux qui s'occupent du stockage du verre.
Autre signe de l'importance de ce qui se joue à Romont en ce moment: Electroverre a aussi accueilli cette semaine des experts... français ! Issus d'un centre de formation de référence dédié au verre, venus depuis Nancy, exprès, filmer, eux-aussi, cette technique ancienne de production de verre étiré.
Des équipes soudées
Une technologie importante pour l'économie du canton de Fribourg, pour l'industrie du verre, mais aussi aujourd'hui recherchée, le verre mince ainsi produit peut être utilisé dans la conservation des vitraux dans les églises par exemple.
Aujourd'hui, la production va donc s'arrêter, mais le savoir-faire aura été documenté et pourra ainsi être transmis. L'ambiance aussi. En effet, il régnait aussi une atmosphère spécifique: "L'air est rempli de poussière de verre. En entrant, les rayons de lumière font scintiller l'air, c'était beau. Il y avait aussi ces bruits, le craquellement du verre par terre", raconte l'ancien directeur du Vitrocentre et spécialiste dans le domaine, Stefan Trümpler.
"Et puis ce qui était rare, aussi, c'était que le personnel était vraiment soudé", complète Jean-Marie Chollet, ancien directeur technique d'Electroverre, il y avait travaillé 35 ans avant de partir à la retraite en 2018.
Il se souvient: "Tous les six ans, on devait reconstruire le four. Tout le monde était impliqué dans le processus. C'était une période difficile, pour tous les collaborateurs. On disait tous "notre" four, on en bavait tous. Cela renforçait les liens, d'une manière unique."
Collecter des témoignages
D'ailleurs, un autre projet va démarrer désormais: une récolte de témoignages des employés pour saisir le contexte socio-historique de cette usine dans la région.
Quant à l'usine, que va-t-elle donc devenir après sa fermeture? Rien n'est encore inscrit dans le marbre. Stefan Trümpler, comme d'autres spécialistes du verre et du vitrail souhaiteraient occuper les lieux, pour continuer à le faire vivre, en le transformant en atelier ou en musée. Mais rien n'est acté pour le moment. En attendant, Stefan Trümpler raconte qu'il a pu faire un tour des installations et signalé quel objet, quel équipement, quel tableau valait la peine d'être conservé. Objectif: éviter que tout cela ne finisse à la poubelle.