"Esclavagisme moderne" devant le tribunal de Tavel

Trois hommes ont été jugés mardi devant le tribunal pénal pour traite d'êtres humains et prostitution.

Sur l'image, une thérapeute masse le pied d'un patient (image d'emprunt). © KEYSTONE/Christian Beutler

Au tribunal de Tavel se tenait mardi un procès important. Sur le banc des accusés, trois hommes dont le discours est ambigu. L'histoire remonte à 2022, lorsque les trois hommes étaient à la tête de trois salons de massage où des services sexuels auraient été offerts. La majorité des employés, thaïlandaises, auraient été attirées en Suisse et forcées à se prostituer sous prétexte de massages thaïlandais traditionnels.

L'une d'entre elles, mariée à l'un des trois hommes, avait été arrêtée et s'était suicidée avant même d'être interrogée dans sa cellule.

Des discours ambivalents

L'un des accusés a confirmé les deux principales accusations : la traite des êtres humains et la promotion de la prostitution. Il a expliqué avoir effectué quatre transports et a mis son appartement à la disposition des travailleuses du sexe et de leurs clients de temps en temps.

Contrairement au premier accusé, le second, âgé de 51 ans, a nié toutes les accusations. Il aurait conduit une fois une femme dans un autre salon de massage, "mais je ne sais pas ce qu'il s'est passé par la suite", assure-t-il. Si son adresse e-mail et son compte avaient servi à publier des annonces sur des portails sexuels, il a également nié être à l'origine de ces annonces.

Le troisième homme, qui avait lui-même tenu une maison close en Allemagne, a avoué avoir donné des conseils par SMS au premier accusé. Il explique l'avoir averti sur les risques qu'il encourait à plusieurs reprises.

Un cas d'esclavagisme moderne

Dans son plaidoyer, la procureure en charge de l'histoire a évoqué le terme d'« esclavage moderne » pour décrire le cas. Entre janvier et septembre 2022, les 50 travailleuses du sexe n'ont jamais reçu leur salaire de 2000 francs. Au total, les accusés auraient réalisé un chiffre d'affaires entre 24'000 et 45'000 francs par mois.

Pour cette raison, toutes les victimes se trouvaient dans une situation financière difficile. Des caméras filmaient leur lieu de travail, elles dormaient dans les salons de massage et ne parlaient aucune langue du pays.

Des peines et amendes

Le procureur a exigé une peine d'emprisonnement inconditionnelle de cinq ans et demi pour le premier accusé ainsi qu'une amende et son expulsion de 15 ans. Pour le second, la justice demande une peine de prison inconditionnelle de quatre ans et demi, une amende et une expulsion de 15 ans. Pour le dernier, elle demande une peine de prison conditionnelle de sept mois, une amende et une réclusion de cinq ans.

Le verdict sera signifié par écrit la semaine prochaine.

FNxFrapp - Anne Gugler / Corina Zurkinden
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