Seniors dans les classes: "c'est un peu leur grand-maman!"

A l'école du Schoenberg, la classe de 3H reçoit deux matinées par semaine Emmanuelle, une retraitée envoyée par Pro Senectute. Reportage.

Emmanuelle vient en renfort les mardis et jeudis matin. Ici avec l'enseignante, Sophie Brodard. © RadioFr.

Elle arrive à l'heure de la récré, et elle est accueillie par les cris enthousiastes de plusieurs écoliers: "Manu! Manu!". Depuis cet automne, Emmanuelle vient deux matinées par semaine dans cette classe de 3H de l'école du Schoenberg.

En ce jeudi matin, elle anime un atelier lecture sur le thème du marché. Les enfants déchiffrent les paroles d'une chanson d'Henri Dès, puis écoutent le morceau. On parle fruits, légumes, ensuite, chacun est prié d'écrire sa liste de commissions. "C'est quoi, des commissions?", interroge un élève.

"J'ai beaucoup de plaisir à être là", lance Emmanuelle. Cette retraitée fait partie des 80 séniors bénévoles qui viennent en renfort dans les salles de classe du canton. Un projet porté par Pro Senectute, qui existe depuis trois ans dans les écoles francophones du canton de Fribourg, et pour lequel des volontaires sont toujours recherchés.

Pousser les élèves

"Avec l'école inclusive, nous devons relever de plus en plus de défis dans les classes. Nous avons des élèves avec des spécificités différentes. Nous devons gérer ceux qui ont besoin de plus de nourriture, ceux qui sont dans la moyenne et ceux qui ont plus de peine à suivre. Etre deux, ça aide beaucoup", témoigne Sophie Brodard, l'enseignante de cette classe de 3H.

Cela permet aussi de proposer ponctuellement des activités plus difficiles, plus exigeantes qu'au quotidien: "Le fait d'être deux adultes permet de pousser les élèves, de les obliger à aller plus loin, et de leur montrer qu'ils y arrivent!", ajoute Emmanuelle. Les activités avec Manu? "Elles sont chouettes", répondent en choeur les écoliers. 

Emmanuelle n'est pas représentative des seniors qui viennent dans les classes fribourgeoises. Passionnée par l'apprentissage de la lecture, 30 ans d'enseignement à son actif, et anciennement membre de la Haute école pédagogique (HEP), son profil est particulier.

L'école du Schoenberg accueille chaque semaine six autres séniors, dont le rôle varie beaucoup. Ces bénévoles aident les enfants à être autonomes, leur apprennent à laver des pinceaux, ils peuvent être une présence réconfortante quand cela ne va pas, ou accompagner une classe en forêt par exemple.

Des progrès en français

Le directeur de l'école, Samuel Glannaz, a été très tôt séduit par le dispositif: "A l'école enfantine, un grand nombre de nos élèves ont grandi en ayant peu de contacts avec la culture suisse et la langue francophone. Un deuxième adulte qui interagit en français donne aux élèves davantage d'occasions d'écouter du français, d'enrichir leur vocabulaire ou leurs structures de phrases."

Un soutien ponctuel bienvenu et intéressant, au-delà de la question du langage. "Ce sont de belles rencontres, reprend Samuel Glannaz. Et puis dans le quartier du Schoenberg, les familles n'ont pas toujours toutes les générations présentes autour d'elles. C'est aussi l'occasion pour les écoliers de côtoyer des personnes plus âgées, de thématiser la vieillesse par exemple."

L'enseignante, Sophie Brodard, confirme: "Avec Manu, les élèves ont une relation différente. C'est un peu comme leur grand-maman!" Un qualificatif qui "convient bien" à Emmanuelle, nous livre-t-elle dans un sourire. Et aux enfants aussi.

RadioFr. - Maëlle Robert
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