Israël frappe une école à Gaza et tue 28 personnes
Une frappe israélienne sur la bande de Gaza a tué 28 personnes jeudi, selon les secouristes, dans une école abritant des familles déplacées. L'armée a quant à elle annoncé avoir visé un centre de commandement du mouvement islamiste palestinien Hamas.
Après avoir déplacé à la mi-septembre le coeur de ses opérations militaires vers le Liban, avec une campagne de frappes aériennes massives suivie d'une offensive terrestre contre le Hezbollah, allié du Hamas, Israël a de nouveau intensifié ses bombardements sur le territoire palestinien.
Jeudi, le Croissant-Rouge palestinien a annoncé la mort de 28 personnes dans une frappe sur l'école Rafidah à Deir el-Balah, dans le centre du territoire, qui a fait aussi 54 blessés. L'armée israélienne a affirmé avoir mené une frappe aérienne "précise" sur des "terroristes", dans un poste de commandement "installé dans des bâtiments ayant servi auparavant" d'école.
Cette attaque est la dernière en date d'une longue série de frappes israéliennes sur des écoles reconverties en centres d'hébergement pour des déplacés dans la bande de Gaza.
Secteurs entiers en ruines
L'armée israélienne accuse les combattants du Hamas d'opérer sciemment à partir d'écoles ou d'infrastructures civiles et de se "servir de la population comme de boucliers humains", ce que le Hamas dément. Une trentaine de cibles du Hamas ont été visées depuis mercredi dans la bande de Gaza, selon l'armée, qui a encerclé et bombardé ces derniers jours le secteur de Jabalia, dans le nord, en affirmant que le Hamas, très affaibli, cherchait à y reconstituer ses capacités.
Selon le chef de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, "au moins 400'000 personnes sont prises au piège" dans le secteur de Jabalia. "Le nord de Gaza: un enfer sans fin", a-t-il affirmé mercredi sur X. Au moins 42'065 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Mise en garde américaine
Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé les Libanais à "libérer leur pays" du Hezbollah, à la fois puissant parti politique et milice armée, et averti que le Liban pourrait subir les mêmes "destructions et souffrances" que la bande de Gaza. En réponse, les Etats-Unis ont mis en garde Israël contre toute offensive au Liban qui "ressemblerait" à Gaza.
L'armée israélienne a de son côté promis mercredi de combattre "sans répit" le Hezbollah, soutenu par l'Iran, contre lequel elle a lancé le 30 septembre une offensive terrestre dans le sud du Liban. Israël cherche à éloigner le Hezbollah des zones frontalières et faire cesser ses tirs de roquettes pour permettre le retour dans le nord d'Israël des quelque 60'000 habitants déplacés.
En dépit de la mort de plusieurs de ses chefs, dont son numéro un Hassan Nasrallah, dans des frappes israéliennes, le mouvement islamiste libanais affirme résister aux incursions israéliennes. Jeudi, le Hezbollah a annoncé avoir "détruit un char israélien qui avançait" vers la localité libanaise de Ras Naqoura, sur la frontière, et revendiqué "une énorme salve de roquettes" vers Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël. La force de maintien de la paix de l'ONU (Finul) a annoncé que deux Casques bleus avaient été visé par des tirs dans le sud du Liban.
"Une des périodes les plus meurtrières"
Les frappes aériennes israéliennes se poursuivent pendant ce temps, notamment sur la banlieue sud de Beyrouth, l'un des fiefs du Hezbollah, dévastant des quartiers entiers. Jeudi, un nuage de fumée s'élevait aux abords de la ville côtière de Tyr, proche de la frontière, selon des images de l'AFP. L'agence de presse libanaise ANI a signalé des frappes dans le sud et l'est du Liban.
L'armée a annoncé poursuivre ses "opérations limitées" contre le Hezbollah dans le sud du pays et avoir visé depuis la veille "plus de 110 cibles" du mouvement. Depuis octobre 2023 et le début des échanges de tirs transfrontaliers entre Israël et le Hezbollah, plus de 2000 personnes ont été tuées au Liban, dont près de 1200 depuis les premiers bombardements massifs israéliens le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.
Le coordinateur de la branche humanitaire de l'ONU, missionné sur le Liban, Imran Riza, a indiqué à New York que le pays faisait face à "l'une des périodes les plus meurtrières" de son histoire. Il a évalué à 600'000 le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du Liban, dont plus de la moitié sont des enfants.
Lors d'un entretien téléphonique mercredi, le président américain Joe Biden a demandé à Benjamin Netanyahu de "réduire au maximum l'impact" de la guerre sur les civils au Liban, en particulier à Beyrouth, tout en "affirmant le droit d'Israël à protéger ses citoyens du Hezbollah", selon la présidence américaine.
Les deux dirigeants ont également évoqué le projet d'Israël de frapper l'Iran, en réponse à l'attaque de missiles lancée par Téhéran contre le territoire israélien le 1er octobre. Le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a promis une riposte "mortelle, précise et surprenante".